GE
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mais je préfère quand même la Marie-Madeleine: moins nunuche, bien debout sur ses pieds, plus sauvage...
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quelques douaniers détendus, un contrôleur débutant qui reçoit une bise de sa collègue, trois femmes voilées dont les yeux sombres s'inquiètent, le soleil déjà levé depuis une heure, un grand tas de gravier et des petits nuages ridiculement nets dans le ciel, bien collés à la montagne pour se rassurer
(pas envie, non ! pas envie)
un champ de tournesols qui ne se tordent même pas le cou pour voir le soleil, des pilônes dressés gris dans le ciel encore terne, des containers rouge ou jaunes très seuls dans une gare désaffectée, une ferme au bord de l'eau avec sa piscine gonflable bleue sur son lit de gazon vert
(non je ne veux pas les photographier)
encore un tas de cailloux puis un interminable fouilli de petits arbres et dans la vitre du train un visage de fille que des coups de lumière giflent quand le soleil la frappe entre les branches, et dans un trou de terrain une machine
derrière le fouillis on voit de l'eau, et puis on voit que l'eau est un fleuve
et un autre fouillis d'arbres, différent, avec des trous de lumière
(déjà vus, interrogés, pensés mille fois)
toujours des fouillis et par derrière une route, petite, un tunnel brutal et ensuite des montagnes en défilé avec de l'eau grise dans le fond, des petites constructions électriques grises enfermées et protégées par du grillage
(je te forcerai pas à les regarder)
un long-long tunnel et au sortir la vision d'une petite ville dans un trou, et toi qui reçois en pleine gueule la lumière d'un soleil qui s'emmerde déjà dans le ciel maintenant trop bleu, et au loin la ligne trop droite d'un pont moderne barrant la vue
(pourquoi les sanctifier ? les sacraliser ?)
le quai d'une gare presque morte d'où les petits vendeurs me tendaient le premier gobelet de café après la longue nuit avec parfois des femmes, et ces femmes qui m'avaient remué le ventre et je n'avais pas seize ans et j'en ai bientôt septante et le café sans goût des gares est toujours aussi bon et puis les corps des femmes qui remuent toujours les ventres
et des petites herbes pétantes de vigueur dans le soleil entre les rails rouillés qu'aucune roue de fer ne baise plus
(il n'y a vraiment rien là à photographier, seulement à vivre !)
et le train est encore aujourd'hui plus profond que le plus fort des livres... pas comme ce putain d'avion planant si rapidement dans un ciel trop bleu sans aucun nuage sans aucune réalité aussi inutile que leur paradis à la con dont je ne veux pas... mon Dieu qui es au dessus du Tout, excuse-moi si ton prospectus de vacances me fait pas bander !
(non ! excuse ! mais aujourd'hui je ne ferai aucune prière photographique, aucune prosternation tourné vers une Mecque occidentale nommée Canon ou Adobe !)
à présent le soleil s'est mis face à moi, je le sens brutal, les petits visages frappés de lumières intermittentes se sont écrasés et dorment, je les photographierai pas dans leur sommeil
(encore que cette lâcheté aurait quelque chose d'intéressant)
dans un repli de montagne l'eau échappe encore à la lumière, noire avec des tourbillons elle a encore quelques instants pour se remuer avec jouissance dans son creux d'ombre et rire de ses mauvaises pensées
(je repense aux photographies que je n'ai pas faites)
mais ça ne fait pas long qu'elle n'arrive à une ouverture du terrain, la rivière, et ne se retrouve dans un petit paradis sous le tiède soleil levant, un paradis irrésistible, indispensable, inévitable, qui fait ramper les petites mains avides en direction des petites boîtes à images toujours prêtes, un paradis qu'on reverras avec tant de bonheur et en boucle dans l'intimité bleutée d'un écran, et avec une ondulation de doux roseaux au loin c'est encore plus bandant !
(beauté ! que ton nom aille se faire sanctifier !)
et voilà ! c'est foutu pour les pensées glauques ! il faut être une rivière heureuse et frétiller avec ses petits poissons argentés et sourire en se glissant entre les pattes des hérons prétentieux qui sont en place bien sûr pour débuter leur journée de derviches ne sachant plus tourner
(je pense aux photographies que j'ai faites et qui étaient inutiles)
ça s'est mis à défiler maintenant, des tas de petites maisons dans leurs petits jardins, c'est plat comme une feuille de papier, avec de petites montagnes à l'horizon comme des assemblages de petits cartons
(je repense à ma vie et à ce qui avait un sens)
le contrôleur apprenti qui a reçu sa bise il y a bien longtemps maintenant vient contrôler les titres de transport: "ça marche !"
bien sûr que ça marche ! comme tout le reste ...
alors je me rendors ou je fais semblant, et c'est pas comme le fleuve tiré de son lit par le soleil, j'ai qu'à fermer les yeux et les mauvaises pensées remontent en deux clics à la surface de l'eau noire
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commande b darnal: "I would prefer not to"
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