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? que nous ressentons devant le moisi, qui est pourtant un mélange de la mort et de la vie?
CLAP de fouet !
Espace scénique découpé en grandes tranches par la lumière, oppositions de couleurs crues, féminin-masculin, dénudé et habillé, noir ou couleur, inversions de sexes, de personnages, frontières, sèparations, abstraction par la diction fausse, la récitation répétitive de textes?
Effets lumineux. Effets sonores. Emprunts musicaux et visuels. Parodie hip-hop. Citation de la peinture.
Surtout, philosophie visuelle parodique des publicités de mode et de parfums.
CLAP de fouet !
Tout cet attirail créé une scénographie esthétique impressionnante, parfaitement prévue pour séduire le péquin de luxe.
Me remonte à la conscience, avec émotion, le premier spectacle vu de Bob Wilson, il y a plus de 30 ans, Lettre à la reine Victoria, sur une petite scène, devant un petit public. Même abstraction de gestes, géométrie de la construction, presque sans décor.
MAIS INVESTIE D'UNE VIOLENTE PRESENCE DES CORPS, D'UNE PASSION QUI SEMBLAIT SORTIE TOUT DROIT DE LA "RUE".
Aujourd'hui, les mêmes rituels scéniques ne sont plus investis que de technique, de perfection visuelle et expressive, qui me paraissent plutôt taillées au moule d'une agence de publicité, commanditées par une banque exigeante, soucieuse de retour sur investissement.
Cher (autrefois) Bob Wilson, avons-nous vraiment besoin de perfection ? Où as-tu laissé la puissance de ton regard sur la vie, ta présence sur scène, proche de l'infirmité, de la maladie, et si réelle?
Ton spectacle est effectivement beau comme une chaise design !
CLAP de fouet !
Soyons à la mode et parlons donc, dans les chaumières de luxe, de trous, de sexe, de mort, avec l'élégance et l'éloignement de la vie qui font les élites !
Avec son duvet tout doux sous sa gorge qui ne chantera plus, son oeil qui me regarde sans ciller, et surtout son bec jaune et gouailleur de dessin animé, je lui rend un hommage silencieux, à mon petit copain?
? a muri sur mon balcon. Quant à l'autre, toute verte et presque vilaine mais pleine d'espoir, elle attendra encore avant de se faire manger !
Interlaken - Greenfield Festival
Interlaken - Greenfield Festival
Interlaken - Greenfield Festival
Un alignement sans fin de noms qui font vendre, et qui me rappelle vaguement les catalogues Interdiscount. C'est toujours l'occasion pour un petit directeur d'école d'art lausannoise de se pavaner à la télévision, d'apprécier avec un sourire supérieur et grivois les prix d'oeuvres autour du million, de parler investissement, inculture et moyens financiers, succès, mondanité? mais certainement pas de création et de relation au monde. A rapprocher de Pascal Couchepin qui de l'inauguration d'un festival de cinéma, ne retenait que le retour des cravates et des complets trois pièces?
Comment tient-on le coup psychologiquement quand on laisse réduire son image à des sourires laminés sur du papier glossy couché, à des petits redressements prétentieux du bassin propulsés à travers les cristaux liquides bruyants et parfaitement marketés?
le contact entre les mains autour de la nourriture n'est pas aussi chaleureux dans notre belle Suisse que dans ta profonde Afrique?
(hommage aux élections législatives françaises)
? vivent comme nos âmes: obsessionnellement arrosées et délicatement emprisonnées. Afin de les protéger bien sûr!
? animé, parfois sérieux, légèrement arrosé, pimenté, tranchant quand il faut! Gerlof Salm, Michel Bruno, Francis Traunig, Francesca Reyes-Cortorreal et les célèbres piments mexicains.
? et on se demande s'il est un piéton renversé par une voiture ou plutôt un inconscient qui s'est soudain arrêté là pour recevoir le soleil en plein visage et sentir sa chaleur sur l'asphalte. On ne sait si on doit lui poser une question, vérifier s'il vit encore? ou lui conseiller de s'éloigner des dangers du trafic.
? sont infinis et se développent à gauche, à droite, vers le fond ou vers l'avant, à travers les cons qui la fabriquent, qui la transportent ou qui la consomment !
"Poignardée dans les WC du TGV" - N'oublie pas de tirer la chasse !
"Kylie: J'ai des fesses de Noire" - Guili - Guili ! Kylie - Kylie ! Entre les fesses de Kylie, il y a un trou du cul ? de journaliste ?
"Harry Potter aura son parc d'attractions en Floride" - Alors que les enfants s'étaient remis à lire, une écriveuse de merde a vendu ces enfants aux marchands de tout crin, films débiles, T-shirts, et maintenant parc d'attraction.
Sur scène un homme vieux et vif, demi nu, parodie des stars féminines mais marchant comme un boiteux. "Discomfort, dissonance dans le confort des concepts médiatiques". Dans la salle, des corps et des visages de toutes sortes, concentrés sur quelque chose d'important. Certains immobiles, d'autres sautant, bousculant à la ronde. Par moment, un de ces corps traverse la foule, un peu de sang au lèvres, s'ouvrant un chemin à coups d'épaule. "Discomfort, dissonance dans le confort du consommateur de culture". Je me demande ce que nous sommes si nous ne savons plus jouir de ces moments de dissonnance, de ces petites brutalités de la vie, et je règle ma caméra le plus maladroitement possible, cherche les pires lumières, les recoins boueux que la puie a envahis. "Discomfort, dissonance dans le ronronnement des belles photographies". Nuit, autoroute, pluie. Je passe en revue les prises de la soirée. De l'erreur, de la maladresse, de la laideur boiteuse, de la foule informe, sortent des images dont quelques-unes sont importantes à mes yeux, prennent place dans ma vie. Peut-être ce visage dans son ivresse musicale, glacial comme un de La Tour.
(Concert de l'iguane à Neuchâtel)