GE
les objets vrais: quand je veux le prendre, ma main s'entoure naturellement autour de son manche, je sens son poids, j'en suis le maître, je peux travailler avec et ce n'est pas lui qui me donne des ordres
[l'objet est le sel de la terre]
les objets design d'une société perdue dans ses fantasmes visuels: des boutons d'écrans qu'on n'arrive pas à pousser parce qu'ils doivent avoir l'air lookés, bien plus petits qu'un doigt et noirs sur noir parce que "voir un bouton" ça fait bobet
quand vont-ils enfin nous affubler de sexes en plastic parce que c'est plus "branché" ?
l'infatigable libido des hyènes qui les force à grincer de rire et à s'assembler pour se renifler le cul...
ici deux hyènes mortes de rire devant une affichette d'un journal suisse
["la vie des animaux de cirque" par le professeur Ronchon]
ce soir-là, le prêcheur était colère
et ça faisait pas mon affaire
"hey mec !
je vais sur ton site et qu'est-ce que je vois ?
cette vieille mam sublime avec son rôti et les sales mômes qui chahutent... la lumière est noire, tu crois sentir l'odeur des vieux murs et des tapisseries écaillées
alors je fouille... je renifle un peu... et je tombe sur des trucs du Larry
je regarde... je regarde... et qu'est-ce qu'y a à voir ?
une collection de culs dorés se pavanant devant des caméras avec des sourires télévisionnés !
vraiment rien de bandant
je me demande bien comment un mec comme ça a pu connaître la vieille au rôti
dis-moi donc ? d'où vient l'arnaque ?
et toi, qu'est-ce que tu fous avec le Larry ?"
quand le prêcheur est fâché, vaut mieux pas plaisanter, je lui paie deux ou trois bières...
je crois bien qu'il a un peu oublié la vieille et son rôti
[le sens de la photographie]
obstinément et silencieusement, Joseph le maigre se tenait à sa propre méthode
qui ne faisait bander personne d'autre que lui d'ailleurs
bref on trouvait Jo pas très collaboratif
mais enfin ça donnait des résultats
il ne cherchait pas le replay, ne s'obstinait plus à repasser la réalité
il se projetait en avant, là ou il le voulait, quand il le voulait
ce salop pouvait cibler 100 fois le même instant, shooter autant de fois qu'il le désirait la même fiction
depuis le temps, il arrivait à être à peu près n'importe quoi ou n'importe qui
se foutait pas mal de ce qui lui servait ainsi de punching ball
voulait rien savoir - il fonçait sur son chemin
et finalement il commençait à avoir une bonne avance sur nous tous
[la méthode]
ils se reprennent à croire en eux-mêmes
eux-mêmes avant l'obéissance
eux-mêmes avant les marques
eux-mêmes avant le désespoir de la technologie
trente ans durant on leur a répété que l'humain n'a aucun sens, que seuls la course et l'argent existent
et ils se réveillent, secoués de se rendre compte que le réel est encore là qui les attend
oh... à peine quelques uns !
mais ils vont grandir et multiplier
la graine commence de bander dans la terre, infertile depuis un quart de siècle
un photographe qui laisse sortir son rire, qui te donne en cadeau la directe banalité des visages et des corps, sans fioriture, sans embellissement de surface
il a télescopé dans ses "Gueules de bois" les rites paysans et ses propres cuites avec les copains
aujourd'hui je vois ce portrait, immense devant une église - comme une cérémonie un peu animiste et irrespectueuse ?
une montée de calme allégresse me traverse et une grande reconnaissance de tout mon corps
après toutes les perfections dont on nous abreuve
merci
[pour Augustin Rebetez]
pour la première fois, quelques gamins d'occident admirent des gamins arabes
ils les prennent pour exemple
comme eux ils s'installent sur des grandes places
ce moment, que toute la presse va se dépêcher d'oublier, est un tournant dans la pensée des âmes jeunes
j'ai gardé le journal ouvert à cette page, j'y descend chaque jour un peu plus, par la pensée, avec l'oeil de mon voleur d'images
aujourd'hui la fine dentelle des mains qui vibrent ... comme les petites mains des corps sortant du ventre de la mère
le parking est vide, le ciel est encore bleu dans le noir de la nuit
le projectionniste repasse le western pour la trentième fois et se prend toujours pour Henry Fonda
[cinemobile]
ils se sont révoltés, ils brandissent des drapeaux égyptiens, ils dansent, crient et rient
ils sont chauds, leurs muscles sont éveillés
ils campent sur la place
"casse-toi FMI !"
mais le noir de ta nuit lui donne son sens.
[n'est-ce pas, chouchou dsk !]
Redhead Levitation Lisa had a special power: she walked always with her naked feet slightly above the ground, and so she tried to capture the feelings through the skin.
Under the influence of the old blasted addicts of the "recursive reality", such as the Humanist, or Whiteshoe, or PanchoV, she was now also trying hard to discover The Method. Nobody believed she was a hard gamer, but I felt she could maybe noiselessly overtake everybody.
According to professor Alibori, such levitating people have deep penetrating thoughts, but he also refers that they can yield to the temptation of misusing such talents. Who knows what she really was ?
[petit civet maigrichon en balade]
[proverbe Negimbo]
j'aimais bien quand la chica prenait une belle cuite
ça me faisait mourir de rire et bander en même temps
là le soleil nous détruisait depuis deux heures
et on n'arrivait pas à se relever
j'avais rampé jusqu'au pare-chocs et je me hissais pour rejoindre ma chica
mais la carrosserie était vraiment trop brûlante
contourner la portière ouverte, c'était bien trop lointain
je décidai que l'ombre sous les pare-chocs était ce qu'il y avait de mieux pour l'instant
de toute façon ma chica n'était pas près de sortir de son coma...
il avait des vagues dures sur son oeil et des pépites qui se crachaient au dehors
la vieille infirmière lui glissa dans la veine une shooteuse officielle homologuée
puis une jolie poule entre deux âges le roula jusque sous un soleil éblouissant froid
il ne cilla pas, ne baissa pas le regard
c'était une vieille habitude de fixer le soleil, et de ne jamais baisser le regard
mais aujourd'hui il était sur le dos
mais aujourd'hui il avait beau scruter le vide, il n'y avait décidément aucun chapeau en face de lui
aucune main tremblant de saisir les crosses et de déclencher l'enfer
l'enfer était en lui, douceâtre comme un sirop empoisonné
mais un poison pas tout-à-fait désagréable
un poison qui te faisait rêver de la mort
les lames dans son oeil, ça dura ce que ça dura, pas vraiment désagréable, pas tellement longtemps
puis les voix firent quelques commentaires un peu lointains
après un petit café bien fort, il refusa de traîner dans un fauteuil et se retrouva dehors
sous un autre soleil, un peu plus chaud
la même mort pas désagréable était toujours là, emplissant le ciel qu'il ne voyait pas, traversée de lumière douceâtre
dasn le bus, il s'endormit
... mais non, pas Josef, ni Marlene !