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machine temporelle

Crolles - 22 heures 44

07 heures 15 : 

 

Dans un café genevois, un couple lit le Matin : 

 

-Khadafi, encore lui. Il a cogné sa femme à Londres ? 

-Oui, c'est un sale type, celui-là… 

 

Un homme, à deux tables de là, lit le même journal, le seul paru aujourd'hui, déclare, badin : 

 

-Attention, M'sieur dame, j'appelle la police. C'est du racisme. On peut pas parler des gens comme ça. 

 

L'homme en couple : 

 

-Oui vous avez raison, c'est un comble. Les anglais, eux, sont moins cons. Ils l'ont laissé partir… 

 

La femme : 

 

-C'est vrai que c'est souvent les Maghrébins qui cognent leurs femmes et le dire c'est pas être raciste, c'est dire la vérité.  

 

-C'est vrai que c'est un comble que quand on dit la vérité, on nous traite de raciste ! 

 

La serveuse, Savoyarde, s'en mêle : 

 

-Oui, même chez les français y a des racistes. Et on ose le dire… 

 

Le bistrot, en choeur : 

 

-Oui ! 

-Oui z'avez raison. 

-Sale type 

-Ma foi… 

 

Et chacun replonge dans son journal pour s'irriguer de news et de caféïne. 

 

 

08 heures 25 : 

 

23 coups de canons ébranlent la ville. On célèbre le départ des troupes de Napoléon en 1813 et la restauration genevoise. Cygnes, canards et autres volailles perdent les pédales dans la rade, détalent à tire d'ailes. 

 

 

09 heures 45 : 

 

Karaman me vend Libé - bonne année - touffu comme un buisson ardent. Jamais je n'aurai le temps de tout lire, sinon cette métaphore magnifique dans l'éditorial de Joffrin qui résume si bien la décade qui s'achève : « …les curés qui l'emportent sur les instituteurs… ». 

 

 

09 heures 55 : 

 

Une femme avec un feu de forêt dans les cheveux promène un parapluie vert pomme fermé, sous la pluie. 

 

 

09 heures 37 : 

 

Chuka m'envoie ses vœux de Mongolie et réveille d'un coup de cravache un voyage passé. 

 

 

09 heures 57 : 

 

En pissant, je pense à tout ceux qui vont pisser aujourd'hui les bulles de leurs mousseux et autres Champagne, à tout ceux qui ne pourront se contenter que d'eau, à ceux qui vont devoir faire des kilomètres pour boire. A Carla Sarkozy, à mon ami John, à Bernard, à Uwe, à Bubu. A Ahmed, à El-Oued. Je pense à Sophie, Isabelle, Antoine, au chef du poste de police de Pécolat, aux contractuels noirs qui bossent aujourd'hui - à tout ceux qui comme moi pissent où vont pisser dans la journée. Je pense à l'écume de ce qui nous relie au fond des égouts… à notre physiologie commune. 

 

11 heures 35 : 

 

Il a peu plu et ne pleut plus. 

 

12 heures 15 : 

 

Avec Sophie et Mathias à l'Aiglon autour de trois steack frites. 

 

 

15 heures 45 : 

 

On me rappelle, en espagnol, avoir assisté à l'accouchement d'une truie. 

 

 

17 heures 45 : 

 

9 degrés : la pluie a lessivé les Alpes, les rend sales et moroses les skieurs. 

 

19 heures 15 : 

 

«Crolles. Située à vingt kilomètres au Nord-Est de Grenoble et à quarante kilomètres de Chambéry, la ville de Crolles est implantée sur la rive droite de l'Isère au coeur de la vallée du Grésivaudan. Elle fait partie du Parc Régional de Chartreuse. Resserrée sur les coteaux de la Chartreuse, orientée Sud-Est, face à la chaîne de Belledonne, Crolles bénéficie d'un cadre ensoleillé et exceptionnel. » 

 

Dans une ferme plantée au milieu d'un champ – dans ce silicone valley grenoblois – Isabelle et Bertrand nous reçoivent pour fêter simultanément, leur cinquante ans et leur tout récent mariage. 

 

20 heures : 

 

Effusion des retrouvailles, foie gras et nez de clown sur fond d'explications au sujet des votations sur les minarets. 

 

20 heures 30 : 

 

Oies rôties et gratin. 

 

21 heures 35 : 

 

Animations joyeuses.  

 

22 heures – environ : 

 

Animations joyeuses et fromage. 

 

 

22 heures 44 : 

 

Un môme lumineux : Tu vois, je bois du café! 

 

23 heures – environ : 

 

Animations joyeuses et gâteau. 

 

2010, bientôt. Tout va trop vite. Tu te rends compte comme ça passe. Quelle heure il est ? Tu bois un verre ? Lui, il roule en Harley… c'est le mari de l'amie d'école d'Isabelle. Belle fratrie déployée autour des fêtés. Tout à coup Jean-Marc, avec sa voix de stentor, fait tinter un verre, à moitié vide, à moitié plein, ne me souvient même plus si c'était vraiment un verre – et donne sa voix à Apollinaire, invité surprise, mort, surpris si il ne l'était pas de se retrouver parmi nous. 

 

 

Puis d'autres animations joyeuses, encore, qui occupent ce qui reste du temps de cette décennie. Quelle heure il est ? Soif ? Oui, je suis le cousin de la sœur de…  

 

Vivre, partager, rire. 

 

Boire du café. 

 

I lived and loved and laughed and left – l'épitaphe sur la tombe de Joyce! C'est pas beau ? C'est pas génial ? 

 

Ouais, ouais… c'est quelle heure ? 

 

Mince, il est déjà plus tard que je croyais.  

 

24 heures : 

 

Bonne année! Bonne année! Bonne année!

[Francis Traunig]

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