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machine temporelle

Choulex - 19 heures 33

« Pattes jointes, elle saute du poulailler, dès qu'on lui ouvre la porte. C'est une poule commune, modestement parée et qui ne pond jamais d'œufs d'or. Eblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour. Elle voit d'abord le tas de cendre où, chaque matin, elle a coutume de s'ébattre. Elle s'y roule, s'y trempe, et, d'une vive agitation d'ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces la nuit. Puis elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli. Elle ne boit que de l'eau. Elle boit par petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord plat. Ensuite elle cherche sa nourriture éparse. Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues. Elle pique, infatigable. De temps en temps, elle s'arrête. Droite sous son bonnet phrygien, l'œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l'une et de l'autre oreille. Et, sûre qu'il n'y a rien de neuf, elle se remet en quête. Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte. Elle écarte les doigts et les pose avec précaution, sans bruit. On dirait qu'elle marche pieds nus. » 

 

Jules Renard 

 

 

…et toujours ce goût d'espoirs déçus au fond de la bouche qui nous coule dans les tripes, emportés par des rasades de vin rouge, où la foi et le foie gras confondent leurs consistances et nous font roter l'amertume et la culpabilité. 

 

Une sacrée histoire, en fait, qui commence par un cocufiage : un charpentier se fait piquer sa femme par Dieu le Père. 

 

Je connais peu de mes amis qui auraient le courage, ne serait-ce que de dire : « Eh, oh, non mais… ». 

 

Oui, perplexe, je suis, en mangeant la poule de Jules Renard. 

 

Et puis, je sais que ça va mal finir, tout attendri par cette mère aimante à laquelle on va arracher son fils et l'assassiner pour lui avoir reproché d'avoir, à son tour, aimé son prochain. 

 

Coupable ou cynique? Je donne alors, ma pensée en cadeau à un plus démuni que moi. Je donne, me rachète, me dédouane, ça n'a pas de prix, ça passe mieux avec un peu de gâteau au chocolat baigné dans du Rimus… 

 

…et trinquons alors à la lumière qui brille entre deux néants avec l'ami bouddhiste qui travaille à la Migros.

[Francis Traunig]

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