GE - Une photo par jour
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machine temporelle

Kyaukpadaung - 09 heures48

Je trimballe un chapelet de comiques désillusions glanées ces derniers jours, trop occupé à survoler les espaces plutôt qu'à les laisser m'investir. Voyager n'est pas affaire de lointains, de paysages et d'espaces traversés, sinon la révélation qu'on est de partout, que le soleil toujours se lève où qu'on soit, que si on va à l'Est on restera toujours à l'Est de quelque part…  

 

Si on voyage comme une valise, mieux faire le tour du monde à vélo d'appartement. 

 

Non, le vrai voyage, le seul, c'est l'Autre… C'est l'Autre qui me révèle, il faut que j'apprenne le birman, vite… 

 

Voilà ce que j'ai découvert, en route, sur ma bicyclette. 

 

…. 

 

Failli oublier que la junte jugule, ici. Qu'un troupeau de crapules s'en fout plein les coffres, que les pauvres ne peuvent s'indigner qu'aux chiottes, que partout ailleurs ont les réprime. Pense à Zaven resté à Rangoon. Il est forcément compromis avec la dictature militaire, je m'en rends compte un peu tardivement.  

 

« Zaven, who are you ? Please, tell me the truth ! »  

 

Voilà ce que je vais lui demander, avant de reprendre l'avion à Rangoon, qu'il me dise la vérité, merde, la vérité ! Je ne veux plus vivre dans le mensonge, dans l'illusion, dans la fiction. Mais qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce que le réel ? Ne plus se raconter d'histoires, embellir, ne plus envelopper mes rencontres dans le papier cadeau de la fabulation, ne plus rajouter de la netteté avec Photoshop, ne plus saturer un ciel un peu pâle, ne plus mentir. Mais oui, l'image est un mensonge vaniteux, une prothèse à produire de la mythologie, la brosse à reluire de l'orgueil. « Regardez, regardez comme j'étais près du tigre, regardez comme je me vautre dans le bain mousse du bonheur, comme je conquiers : les regards, les sommets, les femmes, proclament à chaque fois l'image. C'est léger, c'est futile, c'est faible la photographie. De surcroît, et c'est ça le pire, le plus grave, le plus affligeant : Cadrer c'est exclure. Cadrer c'est rejeter. Rejeter le reste du monde. 

 

Pauvre. Pauvre photographie ! 

 

Au plus fort de ces tortueuses réflexions - je suis assis sur un bord de route, sous un manguier - explose un fracas abominable au-dessus de moi. Le ciel s'ouvre en deux comme une femme qui accouche et déverse le fruit de ses entrailles sur le monde. 

 

Le réel, ouf, me fesse, me rappelle à lui. Sonné et mouillé comme un nouveau né, je pousse un cri joyeux, me remets en route…

[Francis Traunig]

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