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machine temporelle

Choulex - 18 heures 41

Le môme plante son regard dans le mien. Farouche. Je ne dis rien, ne bouge pas. Nous nous fixons, c'est interminable. Je tiens le dernier livre de Kertész dans la main, bois un thé, en revenant sur une phrase en dernière de couverture qui m'a fait acheter le livre : …nous devons nous dire clairement qu'aucun totalitarisme de parti ou d'état n'est possible sans discrimination, or la forme totalitaire de la discrimination est nécessairement le massacre, la tuerie de masse.  

 

Mon mutisme semble donner au môme l'envie de tenter un deuxième essai. Il tourne sur lui-même en raclant sa béquille sur le sol et me refait face. Il tend son gobelet sous mon nez, et tapote sur une attelle misérablement sale qui lui enserre la jambe. 

 

Je repense à cette femme assise devant l'UBS, à sa sébille que shoot de rage le joueur d'orgue de barbarie dépossédé de son territoire. De mon intervention, des insultes qui s'ensuivent, de la violence en crue, des menaces que m'adresse le barbu joueur d'orgue. 

 

Je repense à ce jeune qui mendie, tout sourire déployé, qui se fait remettre en place par un hochement de tête et qui tend la main vers le walkman de celui qui venait de lui refuser l'aumône – qui cette fois-ci explose de rage. 

 

Je repense à cet autre qui se fait chasser à coups de balai des escaliers de la poste. 

 

A l'arrogance des uns : « Fous le camp ! Retourne chez toi… Casse-toi d'ici, casse-toi ». 

 

Et des autres : « Moi mangé, moi faim, fil d'pute, salopé… ». 

 

Il est toujours là, opiniâtre. Emmêlement d'empathie, de compassion, de confusion. Au même moment, un moineau plonge sur la table, se saisit des restes d'un biscuit et s'envole. Arrive la patronne des lieux, demande au jeune roumain de partir, il rengaine son gobelet et se traine vers le café d'à côté. 

 

« Décidément on ne vous laisse pas lire tranquillement… ».

[Francis Traunig]

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