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Carnet de route d-un UPjiste - Un hiver indien - 9 - Un soutien-gorge, un slip, une jupe froissee, un maillot de corps, un pull en laine, des boudeilles d'alcool vides, du sang...... Tous les symboles apparents d'un viol.

UNE RENCONTRE TROUBLANTE 

 

Ce matin je me suis levé avec une bonne résolution. Cette nuit, je me suis réveillé et mon subconscient m'a suggéré qu'il fallait que je mange des fruits. C'est important d'écouter son subconscient. C'est vrai que depuis que je suis arrivé en Inde, je n'ai pas mangé de fruits. Sachant que l'esprit est le créateur et le contrôleur du corps, quand il vous chuchote un bon conseil et bien on l'obéit. Dans notre vie stressée de tous les jours, on a perdu l'habitude d'écouter cette petite voix intérieure. On ne l'entend plus, et c'est bien malheureux, parce ça nous éviterais bien des traquas et nous pourrions éviter bien des maladies. (Et faire baisser nos assurances maladies). 

Donc je suis allé au marché acheter des fruits. Je suis ensuite passé dans le dhaba très sympathique boire un Chai et manger quelques oranges et bananes. Ensuite j'ai décidé d'aller me promener au petit bonheur la chance, mais surtout quitter la ville pour aller dans la forêt qui se trouve sur le coteau de la montagne. En chemin je rencontre des étudiants qui allaient pique-niquer, ils me conseillent de prendre un chemin dans la forêt. Cherchant un peu de calme, je m'empresse de les écouter. En montant le sentier, dans une clairière j'aperçois en haut d'une montagne une énorme croix qui domine la vallée. C'est la première fois que je vois une croix en Inde de cette nature. J'en fais le but de mon excursion. Gravissant un joli petit sentier bordé d'un petit muret de pierres je tombe sur quelque chose qui allait me mette mal à l'aise.  

Sur le bord du sentier il y avait des habits éparpillés et en regardant de plus près je vois un soutien-gorge, un slip, une jupe froissée, un maillot de corps, un pull en laine, un bracelet, des bouteilles d'alcool et des tâches de sang. Immédiatement toutes les horreurs que j'ai lu sur les viols en Inde qui se sont passés l'année dernière me viennent à l'esprit. J'aimerais me tromper mais il y a bien eu à cet endroit un viol. L'esprit ne peut être que troublé par cette vision et ce qui me fait penser à des sévices sexuels, ce sont les bouteilles d'alcool qui sont abandonnées tout autour. La majorité des viols qu'il y a eu en Inde étaient perpétrés par des hommes sous l'effet de l'alcool. 

 

Dans un bus, le 16 décembre 2012 à New Dehli, six hommes ivres violentes une jeune indienne devant son compagnon, et l'agressent sexuellement avec une barre de fer rouillé avant de la laisser morte sur le trottoir. Elle a été battue et violée dans une rue peuplée, surveillée par la police dans une banlieue de New Delhi. Malheureuse, cette jeune indienne de 23 ans, devait mourir quelques jours plus tard. Ce viol va horrifier tout le pays et va déclencher une vague de protestation et de colère dans la capital de l'Inde.  

Dans ce pays, ou le mot viol ne figure pas dans le vocabulaire hindi, 22 000 viols ont été recensés en 2012. Mais en l'absence de plainte, une agression sexuelle ne figure pas dans les statistiques et on estime que le nombre de cas qui ne sont pas déclarés à la police indienne est nettement supérieur. 

Les journaux indiens accusent la police de ne pas faire son travail, car les policiers refusent systématiquement d'enregistrer les plaintes après les viols. Au lieu d'aider ses pauvres femmes victimes de violence, les policiers leur font des remarques humiliantes, comme de leur reprocher de sortir en ville ou de s'habiller de manière voyante. Même si depuis que la presse mondiale a divulguée toutes ces sales affaires et sous la pression de l'opinion la police indienne a changé d'attitude vis-à-vis des victimes, les journalistes indiens doutent que la guerre contre la misogynie soit gagnée. 

 

La Constitution indienne garantit l'égalité de tous devant la loi, mais les femmes demeurent inférieures aux hommes. Comme par hasard, cette infériorité est d'origine religieuse. 

« L'épouse unique, totalement confiante, considère son mari comme un dieu et lui est complètement dévoué », dit le Kâma Sûtra, un texte écrit vers le 4ème siècle av. J.-C. 

Dans l'imaginaire indien, la femme reste un objet sexuel, et qu'en l'homme s'en sert en la violentant il ne se sent même pas responsable. 

Attention, il ne faut pas mettre tous les hommes indiens dans le même panier, car fort heureusement, cette société évolue. Dans les manifestations massives qui ont eu lieu, il n'y avait pas que les femmes qui protestaient, mais également beaucoup d'hommes, preuve que les temps changent.  

 

Juste au-dessus de l'endroit où se trouvaient les habits éparpillés, il y avait un petit temple dédié à Shiva. Je m'y suis arrêté, l'endroit était calme et la vue était magnifique, le lieu idéal pour calmer mon esprit. Ensuite j'ai repris ma marche et je suis monté jusqu'à la croix qui dominait la vallée. Juste en dessous, à environ 500 mètre, il y avait une léproserie qui était administré par une mission chrétienne, ce qui explique l'édification de la croix à cet endroit.

[Jean-Louis Claude]

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