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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 16 - Jeune paysanne de Baligath

EN LONGEANT LA RIVIERE 

 

Ce matin je décide de quitter les bruits assourdissants de la ville pour aller me promener dans la campagne environnante de Bageshwar. Depuis ma chambre d'hôtel, j'ai repéré un village qui est à environ 5 km et j'en fais le but de ma ballade. Pour y arriver il faut suivre la rivière Gomti par des petits chemins qui traverse des champs en escalier. Je pars toujours au hasard, je choisis en général un point qui domine la vallée, qui est souvent un temple ; quand je ne suis pas sûr du sentier que j'ai emprunté, je montre le temple à une personne que je rencontre et elle me m'indique le bon chemin. Les gens sont contents de t'indiquer le chemin et pour moi c'est rassurant, et même si on ne parle pas la même langue c'est un petit moment d'échange. Quand on part au hasard on ne peut pas être déçu puisque l'on s'attend à rien. Dès qu'on est loin du bruit des klaxons la campagne devient un vrai havre de paix.  

 

Arrivé à environ 1 km du village de Balighat, j'aperçois les toits colorés d'un temple qui se trouvait sur une presqu'île de la rivière. Un prêtre était sur le balcon, il m'aperçoit et me fait signe de venir. Il m'indique le chemin que je dois prendre pour le rejoindre. Arrivé à la porte du temple je me déchausse, et constate qu'à part les deux prêtres, il n'y a que des femmes qui font leurs dévotions. Dans l'enceinte il y a plusieurs petits temples qui renferment chacun un dieu ou une déesse, le dévot va rendre son culte dans le temple où trône son dieu favori. Les Hindous pensent qu'être en présence d'un homme saint, d'un dieu, ou bien voir l'un ou l'autre, les toucher, leur rendre hommage, suffit à vous conférer une partie de leurs vertus. 

 

Comme à chaque fois, je demande au prêtre à quelle divinité le temple est consacré. Il me répond que ce lieu sacré est dédié à la déesse Devi, épouse de Shiva. Décidément je fais tous le tour de la famille du dieu Shiva, après avoir connu sa mère au mont Dhwaj à Pithoragarh, voici maintenant son épouse qu'on me présente. 

Je dois avouer que je m'y perds un peu dans la cosmogonie hindoue, pour quelqu'un qui n'a pas baigné dans ce monde de dieux et de déesses depuis sa tendre enfance, il n'est pas facile de s'y retrouver. Et puis l'hindouisme, est l'une des plus vieilles religions du monde, elle n'a pas de fondateur humain, même légendaire. Cette religion repose sur un vaste corpus de textes nommé : Véda. Ces textes sont réputés avoir été exhalés par l'Absolu (Brahman) à l'origine des temps et « entendu » par des sages appelés rishis, qui l'auraient ensuite transmis de bouche à oreille à leurs disciples.  

À la différence de notre religion chrétienne, elle ne comporte aucun article de loi auquel les fidèles seraient tenus de croire sous peine de tomber dans l'hérésie. L'Hindouisme ne s'organise pas en une Eglise avec à sa tête un personnage comme le pape ou le dalaï-lama, elle n'a pas de hiérarchie. On compte aujourd'hui plus de 800 millions de personnes adeptes. 

 

Après la visite de Devi Temple, je continus ma promenade et arrive à un petit hameau d'une dizaine de maisons. Voyant un magasin je m'arrête et demande s'ils ont du chai (Thé au lait épicé). Il s'empresse de me faire assoir et m'apporte au bout de quelques minutes mon thé. Il était délicieux, le meilleur que j'avais bu jusqu'à présent. Je sors mes roupies pour payer et l'homme me dit que c'est offert et qu'il refuse mon argent. Devant ce geste je suis confus et le remercie. Que de bonnes vibrations ! Que de bonnes vibrations !

[Jean-Louis Claude]

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