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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien 2014 – 40 - Krishna et Arjuna sont ensemble dans le char du corps humain, le « champ de bataille » de la vie.

BHAGAVAG-GÃŽTA, CHANT SACRE DE DIEU 

 

« J'ai enseigné à Vivasvân, le deva du Soleil et Visvasvân l'enseigna à Manu, le père de l'humanité. Et Manu l'enseigna à Iksvâku.... Ce yoga a été transmis aux Rishis (Sages) par succession qui le connurent ainsi, mais avec le temps, ce Yoga, Ô Arjuna, a été perdu. Mais il a été de nouveau redécouvert et transmis par Krishna dans la Gîta. » (Chapitre 4 sloka 1-3) 

 

En Occident, la Gîta fut introduite et connue en 1785, grâce à la traduction de Wilkins. Cette date marque le moment où le voile se déchira qui, depuis tant de siècle, dérobait à l'Europe la littérature sacrée de l'Inde. 

La Bhagavad Gîta est incluse dans le 4ème chapitre du Mahabarhata, la « Grande Epopée », et comprend 700 sloka ou versets répartis en 18 chapitres. Le Mahabarhata attribue une origine divine à la Gîta et indique qu'elle fut perdue deux fois dans le cours du temps. 

Le Mahabarhata, date vraisemblablement de 3000 av. J.-C. et il fut dédié par Vyasa « l'Ordonnateur », en l'espace de trois ans au Dieu à tête d'éléphant Ganesha, Dieu du Savoir, émanation de Shiva, Gardien des Mystères. La Tradition rapporte que Vyâsa n'est jamais mort, et qu'il veille dans son ermitage de Badari dans l'Himalaya entouré de ses Sages.  

 

Le personnage principal de la Gîta est Krishna, éternelle incarnation de Dieu. Krishna est l'un des plus anciens Avatars connus. Son enseignement inspire encore des milliers d'Hindous et guide leur existence. Krishna naquit de la Vierge Devaki dans une hutte de bergers située dans une belle vallée des Himalaya, au pied du mont Merou, autre nom de Kapala ou Shambhala. 

Il aimait toute chose, même les bêtes sauvages et, tout enfant, serrait souvent de jeunes tigres dans ses bras. Comme il grandissait, les Sages commencèrent à l'instruire, afin qu'il puisse exprimer toute la sagesse qui était en lui. Un jour, Krishna reçut l'initiation aux pieds du Grand Maître des Himalayas et il lui fut ordonné de détruire le mal dans le monde. Il partit alors pour les rives du Gange et du Jumna pour instruire l'humanité, jouant de la flûte pour secouer tous les hommes de leur torpeur dans le monde physique de « Maya », l'illusion. 

 

Chaque fois que la Loi échoue  

Et que 

L'indiscipline se lève 

Je m'astreins à une naissance nouvelle 

Pour défendre le vertueux, pour détruire 

Le malfaiteur 

Pour rétablir la Loi, de temps en temps, 

Je dois renaître. 

 

Il y a des milliers d'années, ces mots furent proférés par Krishna dans la vallée du Gange pour éclairer les populations de l'Inde. Mais, comme les arbres, les religions s'étiolent et dépérissent quand la superstition s'y insinue, ainsi Krishna l'avait prévu : « L'humanité s'égare par sa folie, obscurcissant la connaissance. » 

 

Ce qu'il enseigna est contenu dans ses dialogues avec le Prince Arjuna dans la Bhagavad-Gita. Arjuna le disciple de Krishna, c'est l'homme en lutte contre toutes les forces et tendances de sa nature et conscient de son potentiel divin. 

Arjuna interroge Krishna qui lui répond en lui dévoilant la science de la réalisation spirituelle. Finalement, la Gîta se présente sous la forme d'un dialogue entre Krishna et Arjuna inséparables amis. C'est l'Atman, le Soi divin et le Jiva, le Moi individuel. 

 

Krishna et Arjuna sont ensemble dans le char du corps humain, le « champ de bataille » de la vie. 

Arjuna est le MOI tiraillé de gauche à droite par toutes les pulsions que lui impose le Dharma, c'est-à-dire la Loi Cosmique, le destin individuel qui conditionne le comportement de chacun. Nous sommes le lieu où la bataille se déroule au quotidien ! En nous tous les hommes se rencontrent, du plus haut au plus bas. Il ne s'agit pas de fuir en se bouchant le nez ou les oreilles, mais d'entrer dedans et de vaincre... 

 

La Gîta énumère ensuite les ennemis d'Arjuna qu'il doit combattre pour être enfin imperturbable et bienheureux dans la lumière de l'Atman. 

Voici l'interprétation de quelques-uns de ces noms : 

 

- Bishma est la foi qui nous aveugle et la peur ancestrale inculquée par les religions, la société, et qui nous paralysent 

- Les 5 Pandu sont les 5 Tattva qui forment les éléments de la matière 

- Bhima est le Prâna cosmique mais aussi individuel, grâce auquel la vie circule dans le cosmos. 

- Les Kaurava sont les actions qui sont accompli par le moi sous l'impulsion du désir afin de jouir du fruit de ces actions. 

- Duryodhana est l'orientation perverse du mental 

- Dhritarastra est le sens plus ou moins hypertrophié du moi de l'ego illusoire 

- Samjaya est l'intuition, la vision intérieure transcendante (Jnâna) 

- Drupada est aussi la perception intuitive, mais fugitive. 

- Paramesvâsa le guerrier animé d'une foi ardente en la victoire 

- Varâta la recherche continuelle des objets du désir. 

- Sikhandin le sens intime du moi en tant qu'acteur de la vie 

- Subhadrâ la tendance naturelle à faire du bien. 

 

La Gîta pose le problème de la libération spirituelle et de la voie (Yoga) qu'il faut suivre pour y parvenir. Mais rien de facile dans cette recherche ! Dès que l'homme s'efforce de dissiper les fausses croyances, il entre sur la voie. La disparition des fausses croyances et des faux désirs est la perfection du Yoga. La Yoga consiste à empêcher le mental chilla), le singe qui saute de branche en branche, de prendre de multiple formes qui empêchent la concentration. Toute personne qui médite connaît au début les difficultés de la concentration.  

Krishna encourage Arjuna par ces paroles : 

« Dans ce système nul effort n'est perdu, et même un peu de ce Yoga sauvera un homme de grands dangers » 

Krishna insiste sur la nécessité du détachement intérieur : 

« Pour qui réalise le détachement intérieur, il n'est plus ici-bas, ni bien ni mal. Efforce-toi donc au Yoga. Le Yoga est dans les actes et la perfection. L'homme qui renonce à la réalisation de ses désirs infinis est exempt d'avidité, sans égoïsme, dépourvu d'orgueil, il parvient à la Paix intérieure » 

 

C'est là ou Krishna révèle à Arjuna qu'il y a de multiples existences avant de parvenir à sortir du cycle des incarnations successives qui soumettent l'homme aux chaînes du karma. 

 

« L'homme progresse par sa renaissance, dit Krichna, nombreux furent les renouveaux de ma naissance ô Arjuna ! Et tes naissances aussi ! Mais je connais les miens et les tiens, tu les ignores.» 

 

À partir du 7ème chapitre, après que se termine le premier cycle de l'enseignement des techniques mentales de purification et de pacification, la Bhagavad-Gîta traite de la réalisation de la sagesse et de la Connaissance de l'Atman dans toutes ses manifestations. Et peu importe les Dieux que le disciple choisit. Brahman (l'Absolu, la Réalité Suprême) étant présent partout et sous toutes les formes. 

 

« Je suis l'Âme Suprême, et je siège dans le cœur de tous les êtres humains. Je suis le commencement, le milieu et la fin ». (Chapitre 10 sloka 20) 

 

Dans la recherche quotidienne des satisfactions et du plaisir provient la fausse idée qu'il faut faire ou posséder des choses pour être heureux, alors que la joie réelle, transformante et vivifiante, débordante de paix est dans le dépouillement extérieur et intérieur. 

La Connaissance est simple « réveil » où « résurrection » qui dévoile l'essence du Soi. La Connaissance ne « produit » rien, elle révèle immédiatement la réalité. Cette Connaissance véritable est absolue et ne doit pas se confondre avec l'activité intellectuelle, psychique, elle survient par une révélation. Rien de divin n'intervient dans ce processus, tout est inscrit à l'Intérieur de notre MOI, il suffit d'avoir la volonté d'aller chercher pour qu'il nous soit révélé. La Connaissance c'est la Vie, l'Ignorance c'est la Mort. Dans cette recherche spirituelle, nous devons tous mourir pour ressusciter et nous libérer des chaînes de cette Ignorance.  

 

Krishna est le septième avatar de Vishnou dans l'hindouisme. Sa légende présente de nombreuses analogies avec celle de Jésus-Christ : il porte même parfois le nom de Iézéus Kristna. Comme le Christ notamment, il aurait été mis à mort en même temps que deux autres personnes.

[Jean-Louis Claude]

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