GE - Une photo par jour

Istanboul - 10 heures 16

Je repère une pâtisserie aux vitrines garnies et avec des sièges confortables qui donnent sur la rue. Un monsieur chic, en veston, me souhaite la bienvenue en turc et m'invite à m'asseoir à sa table. Je ne saurai qu'à la fin de notre conversation que c'est le patron de l'établissement. A ce moment-là, le ciel est déchiré par un bruit de dragon en furie : des avions de chasse font un survol de la ville à basse altitude. Les chats filent sous les tables, les mouettes et autres goélands s'envolent en paquets et les hommes lèvent la tête.  

 

Je dis : Syrie ? Damas ? Il me regarde, interrogateur, prend un papier et écrit : 17 heures 45. Arrivent les pâtisseries et le thé Puis l'homme écrit un mot en turc sur son papier et veut savoir ce que ça veut dire en anglais. I don't speak turkish, I don't know. Alors il fait venir son serveur qui traduira les mots église, mosquée, prière, merci beaucoup, je vous en prie, au revoir.  

 

Le voilà à parler de football. Swiss number one. Je ne sais que répondre, si c'est une question ou une affirmation ? I don't know. Il se gratte la tête, rigole.  

 

Au moment où je finis mon thé, vrombissent des hélicoptères en formation. 

 

Je prends congé, on se sourit, bien plus curieux sur le sens de ce qu'il voulait me dire avec son 17 heures 45 griffonné sur le papier, que par le survol de la ville par la chasse, sachant que l'armée, comme le muezzin, savent nous rappeler par leurs célestes présences la pauvre vanité de nos distractions. 

 

Amen.

[Francis Traunig]

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