Si calme et si précaire
Elle n'aime pas que ça s'autogère sans elle. Que des lieux existent en dehors de la logique marchande, la logique de propriété, de hiérarchie.
Tout le long de l'année, elle se bat, élague, tond, coupe, balaye, rase, épure, gère, taille, cisaille, tronçonne, ramasse, composte.
Lui, souffle des graines minuscules. Innombrables. Qui prennent possession des fissures, des recoins, des failles, des bordures, des jachères, des interstices les plus cachés et qui se mettent à pousser. Les racines, millimètre après millimètre, font céder le bitume. Le distordent. Jour et nuit, ça pousse, ça se faufile, ça colonise, ça s'immisce, ça grandit. C'est insolent, c'est minuscule, c'est inarrêtable.
Et la ville se bat, s'épuise contre l'invasion du vivant.