GE
Et à partir d'ici, et de maintenant, il n'y aura plus que les feuilles soufflées et ce sera muet : le vent est plus fort!
Comme tous les vendredis depuis le 6 mars 2009.
Le peu de gamins, honneur d'une patrie, revenus du carnage des Malouines surveillent, encore ahuris, adultes abandonnés, depuis ce lointain moment arrêté, des zones mortes que tous les autres aimeraient ombrées à souhait.
En 1929 déjà, Magritte peint une tableau représentant une pipe et intitule sa toile «Ceci n'est pas une pipe». Un classique! et c'est normal, c'est une image. Plus de 80 ans après, il y a encore des gens qui, comme on rote, pondent des photos de pipes en les légendant «pipes»alors qu'ils conviendrait de simplement écrire «merde» puisque, en général, comme photographies, c'en sont vraiment! Ou gaz, ou pet.
Le regard franc et inquiet, avec presque de la supplication attendrie, elle me demande de ne pas la rassurer, de ne pas essayer de minimiser le problème, qu'elle ne sait plus où elle se trouve, et de lui dire ce qu'il en est pour moi, ce que j'en pense. Je jette un coup d'?il à la carte, puis me cale au dossier, je n'avais jamais pensé à cela, et je bredouille que je n'en ai aucune idée, que je ne sais pourquoi l'Amérique latine n'est jamais considérée comme appartenant à l'Occident.
Il pensait en avoir terminé avec la chaine narrative et orientale de son roman et pouvait dès à présent se consacrer exclusivement à la partie plus corrosive où l'art et la vie se mélangent à un tel point que s'envisage alors de pouvoir parler aux animaux, ce qui tombe bien, étant donné qu'il reste contraint de gagner sa vie.
A la toute fin de «Il était une fois dans l'Ouest», Claudia Cardinale, seule au milieu de dizaines et de dizaines d'hommes agglutinés et assoiffés, leur distribue de l'eau. Elle est au puits, elle est le puits, centre de l'image et son rire décolleté en est le gouffre lumineux et on comprends bien pourquoi le train aura du retard et on devine alors ce que l'autre, seul absent de l'image à présent, emporte désormais dans son harmonica, ou ailleurs dans un bandonéon : un souffle.
C'est plus loin et un peu plus tard, en sortant du canal pour déboucher véritablement sur le Rio de la Plata, en croisant au loin les cargos de la Grimaldi, ceux du rocher, que je réalise pleinement que l'histoire de l'art n'est qu'une histoire.
Premier épisode, et portègne, de l'année dans ce chant lancé le 6 mars 2009 et murmuré depuis tous les vendredi.
160 photographies constituent un ligne ininterrompue à travers toutes les chicanes de l'espace, frise et phrase de mon vertige des réserves, suite d'escales où le monde s'ouvre si l'on s'y arrête ou se ferme si on le survol.
Dès le début, il y a moins de deux ans, nous avions élaboré ce projet, et nous sommes partis alors, sans réfléchir à tout, chacun persuadé que l'autre savait, tout, précisément, et puis non, on ne sait jamais tout et alors nous avons traversé, bien sûr, quelques difficultés, et voilà maintenant que tout ce qui devait se faire, alors, était fait, que tout était dit exceptée une petite chose à répéter de l'autre côté.
Les phrases toute faites, les formules irréfléchies servies dans les magnifiques introductions ou balancées dans dans le peu des fins, dans la gêne comme dans l'habitude, tous ces mots faciles et ces tics de verbes, mais qui se souvient encore des histoires invraisemblables d'où ils débarquent, de ses moments uniques qu'il aura bien fallu une fois commencer à dire?
Lorsque que par paresse l'eau ne monte plus aux branches des robiniers, les fleurs se laissent tomber vers ce qui reste de source au sol, c'est une chute d'espoir sur le trottoir et c'est un mauve qui s'étale alors qu'il se croyait sauve.
37 degrés selon les trottoirs, bien plus selon les observateurs, le ciel est blanc de chaleur humide et les ombres collent et la touffeur de la journée est telle que l'histoire ne tient plus d'aucun projet mais de désirs.
Cent ans de solitude, est-ce que ça allait se terminer ainsi, ou tout simplement continuer ad aeternam, sans pouvoir dire, à la fin, toujours reportée, qui de la pierre ou du marais gagnerait vraiment, mais vraiment? La question à peine posée, je vis alors Aurelio Buendia, devant moi, se faire emporter par un moustique et disparaître dans un nuage diaphane, presqu'une brume hautaine qui, maintenant, porte son nom.
Frisons le cliché pour la pause dans le feuilleton du vendredi, en ce premier jour argenté, pour entrer dans le bal qui arrive, et bonne année et bonne apnée pour les mirettes, le temps éternel d'une image, ne serait-ce que celle des mamans qui dansent quand les enfants quittent le pousse-pousse dans la guinguette de nos jours improvisés qui sont la vie.