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Saint Pierreville -. Ardèche.
Ce n'est pas un hasard si le « tombeau de saint Jacques » a été découvert en Galice. La pointe nord-ouest de la péninsule ibérique, assimilée dans l'Antiquité comme au Moyen Âge aux confins du monde (finis terrae), est depuis toujours un espace tout particulier de spiritualité. C'est en Galice qu'on observe la plus grande concentration, dans la péninsule, de témoignages de la culture mégalithique du Néolithique. Une connaissance très ancienne a pu persiter dans l'ouest de la Galice qui a été transmise à travers une iconographie, à travers de textes, à travers de grimoires. Pour les Compagnons et les alchimistes qui terminaient leur voyage à Noia, comme le voulait la tradition, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.
Mais naturellement, dans les flyers et prospectus des églises et des guides, pas un mot sur cette période ; on dirait qu'on a voulu occulté cette histoire en la remplaçant par des histoires banales et sanguinolantes, glorifiant des rois et des princes, tous chastes naturellement, qui ont bataillés contre l'Espagne mauresque. D'ailleurs c'est à partir de là que notre apôtre Jacques va encore endossé un autre rôle, celui de « matadoros », le pourfendeur des Maures. Santiago deviendra le cri de ralliement des chevaliers chrétiens (doux Jésus) dans leur combat contre les musulmans et cette image de l'apôtre perdura à travers les siècles (bin voyons !)
Au 16ème siècle, lorsque les Conquistadors espagnols, avides d'or, (qu'on retrouve dans les églises espagnoles) se déchaînèrent contre les « sauvages » en Amérique du Sud, ils exportèrent le nom de l'apôtre sur le nouveau continent. À l'époque de la Réforme, la lutte contre les protestants fut placé sous le signe de saint Jacques. Il est significatif que les innombrables représentations de saint Jacques en chevalier, dressé sur sa monture, ne soient apparu qu'à partir de ce moment. Mais c'est aussi à cette époque qu'une bonne part de pèlerins déserta le Chemin et que de nombreux pèlerinages locaux se sont multipliés dans toute l'Europe.
En arrivant à Compostelle, je n'ai ressenti aucune émotion face à tout ce bastringue « spirituel », indifférent à la liesse de certains tourigrinos, me posant beaucoup de questions sur les motivations de tous ces gens et quels bienfaits pouvaient-ils en retirer. Mais aussi, en parlant avec des pèlerins, certains m'ont avoué être déçu par cette ambiance, ne s'attendant pas à ça quand ils ont entamé le Chemin.
Mettre un coquille Saint-Jacques sur son sac à dos et confié son Chemin à une agence de voyage ne fait pas le pèlerin. Le tourisme a tué le véritable sens du Chemin des Etoiles au profit du dieu « Mammon » auquel la plupart de cette meute connectée s'est soumise.
Moralité :
Une abeille ne perd jamais son temps à expliquer à une mouche que le miel est meilleur que la merde.
J'ai terminé mon Chemin à Noia car j'avais envie de décompresser et d'essayer de comprendre qu'est-ce qui attirait au Moyen Âge ces gens de métiers dans ce lieu étrange et aussi de fuir l'ambiance de Compostelle. À la gare des bus, j'ai pu encore voir le stress et la cohue des pèlerins qui se rendaient à Fisterra pour admirer le coucher du soleil. Leur bus était bombé, mon bus était à moitié vide, enfin seul !
Arrivée à Noia après 35 km de route, entre le brouillard et la pluie, j'ai découvert la baie où dit-on les « Hommes Venus de la Mer » ont débarqué. Difficile à imaginer.
Mais ce qui m'a attiré dans cette ville, c'est l'église Santa Maria Nova et son étrange cimetière.
Les guides touristiques nous disent que c'est l'un des cimetières les plus importants d'Espagne et du monde (les guides pour attirer le quidam en rajoutent toujours), ajoutant qu'il a été construit sur une Terre sainte apportée de Palestine. Pour le reste, pas d'explications claires sur l'histoire de cette centaine de pierres tombales qui entoure l'église et qui pour certaines sont exposées dans l'église transformée en musée.
Construite en 1317 sur l'emplacement d'un ancien temple romain, l'église est entourée d'une centaine de pierre tombale, dont certaines sont empilées par groupe de cinq le long du mur du cimetière. Elles ne sont pas dans le sol comme dans un cimetière normal. Chacune de ces dalles et sarcophage en pierre exposés à l'intérieur et à l'extérieur de l'édifice ont des signes gravés qu'il est très difficile pour le profane d'interpréter. Certaines semblent représenter une corporation de charpentiers, de tailleurs de pierre, de cordonniers, de bouchers... et d'autres parler de la mer et de la navigation. D'autres dalles ont des représentations de figures humaines, de personnages semblant venir de l'au-delà, de symboles énigmatiques, de dessins gravés dans la pierre qui peuvent figurer une profession ou exprimer une chose, peut-être spirituelle, qui encore aujourd'hui on ne comprend pas.
Au Moyen Âge beaucoup de ces pèlerins ne savaient pas lire et écrire et ces dessins et symboles étaient un moyen de communiquer. En tout cas une chose est sûre, les Compagnons qui faisaient le Chemin des Etoiles comprenaient très bien ces motifs mystérieux et en revenant de leur voyage, ils perpétuaient une Connaissance qui remontaient depuis la nuit des temps sur les murs de pierre de nos cathédrales et de nos églises romanes. Encore aujourd'hui ces pierres tombales gardent un secret que même l'Inquisition n'a pu percer...
Comme autrefois, dans le cimetière de Noia, s'est perpétuer un rite de mort et de naissance. Une étrange tradition guide les pèlerins de Compostelle vers ces anciennes pierres tombales. Chaque pèlerin en choisissait une, qu'il dédiait à lui-même, à cette partie de lui-même, qu'il a laissé tout le long du Chemin de Maître Jacques qui se termine dans la mer....
J'ai choisi ma pierre !
Fin du voyage, au bord de la baie de Noia là où des hommes durant des millénaires ont suivi le chemin qui mène à l'extrême pointe de la terre. Des hommes en marche, qui, à force de piétiner, ont damé la terre pour en faire les chemins qu'on appelle aujourd'hui les « chemins de saint Jacques ».
Dès qu'ils arrivaient en Galice, ils allaient sur le chemin qui menait à l'ouest. Et qu'est-ce qu'il y a à l'ouest ? Une île mystérieuse bien connue des Celtes : l'île d'Avalon, l'île des pommes, l'île de la Connaissance des choses cachées, une île invisible aux vivants.
Ils faisaient un chemin initiatique et ce chemin passait par une mort apparente. Après cette mort on embarquait sur un bateau, sur un vaisseau qui les conduisait à cette île, et là, ils avaient la connaissance de toutes les choses sacrées. C'est pour ça qu'à la sortie du vaisseau on pouvait décrypter tous les secrets, c'est-à-dire sortir de la crypte retrouver la pomme de la connaissance.
La cathédrale avec sa grande nef ne ressemble telle pas à un vaisseau qui vous emmène sur le chemin de la Connaissance de toutes les choses sacrées ?
La tradition des pèlerinages symbolise sur terre le parcours céleste de l'âme. Or dans les traditions, le chemin des origines est toujours dirigé vers l'ouest, vers le soleil couchant. Le pèlerinage de Compostelle est une représentation du périple de l'âme vers la fin du monde physique vers la mer des grandes origines, et donc vers l'Eden.
Durant des millénaires, ces hommes qui empruntaient le chemin jusqu'à l'extrême pointe de la Galice avaient le lointain souvenir de ces grands hommes venant du Levant et qui leur ont donné la Connaissance qu'ils avaient acquise sur cette mystérieuse île de l'Atlantide.