GE - Une photo par jour

Perpignan - 00 heures 16

Trois mille cinq cents accrédités - beaucoup d'appareils photos en bandoulières - envahissent Perpignan pour le festival international de photojournalisme. Expos, colloques, rencontres avec les iconographes des grands magazines, avec les rédacteurs photos, les chefs d'agences, etc….  

 

L'industrie dresse ses stands. Canon vante ses dernières nouveautés, Adobe ses nouveaux programmes informatiques, etc… 

 

Au couvent des Minimes, cœur du dispositif de ce 19ème visa pour l'image, sont suspendus aux murs, des chapelets de photographies de toutes les bassesses dont sont capables les hommes en guerre. Etrange recueillement des visiteurs devant ces instants décisifs captés par le regard affûté des photographes. Images fortes ? Images nécessaires pour dégonder la conscience engourdie du public ? Images d'horreurs qui font enfler les tirages ? Business ?  

 

Une multitude de travaux photographiques, de recherches plus personnelles, circulent entre les tables où sont postés les rédacteurs photos des grands magazines : « Oui c'est intéressant. Votre démarche me rappelle ce magnifique travail sur les indiens. Quel est le nom de ce photographe ? Vous le connaissez ? Si vous le voyez envoyez-le moi. Au revoir. Au suivant ! » 

 

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Vu des merveilles. Peu.  

 

Quelques belles projections sur écran géant en plein air.  

 

Moments joyeux autour de magrets de canard, arrosés de limonades et de bières, dans un esprit corporatif qui fait valser les conversations, etc… 

 

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Un jeune photographe suit un réfugié camerounais pendant presque deux ans. Traverse le Sahara avec lui. Se coule dans son ombre. Photographie son visage tourmenté. Photographie le pas incertain au milieu des champs de mines en Mauritanie. Les passeurs. L'argent qu'on lui prend, le bateau de pêcheur qui va l'emmener, les autres migrants entassés à fond de cale, la traversée en mer, l'arraisonnement par les douaniers espagnols.  

 

C'est comme si on y était - Ce travail est exposé au Musée d'art contemporain de Barcelone - pose le problème de la mise en scène du réel, de l'engagement du photographe pour une cause qu'il va soumettre à son profit, etc.. 

 

Un autre suit les soldats de l'Alliance du nord, se fond dans un groupe armé qui recherche des Talibans. Qui en trouve un. Le déculotte, l'humilie. Le taliban implore. Il est mis en joue. Photographié, abattu, et finalement exposé au couvent des Minimes avec une mise en garde pour le public sensible. 

 

C'est comme si on y était - ce travail a gagné un prix. 

 

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VISA POUR L'IMAGE…est « le » rendez-vous incontournable de tous les passionnés de la vie vue à travers les photoreportages. Pendant quinze jours, cet évènement international attire à Perpignan le Gotha des reporteurs qui sillonnent le monde pour témoigner sur ses guerres, ses catastrophes, ses exploits…. 

 

Bernard Fourcade Président de la chambre de commerce et d'industrie de Perpignan et des Pyrénées-Orientales.

[Francis Traunig]

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