GE - Une photo par jour

Tirupati - 15 heures 15

J'aperçois de très loin son corps de mercure. C'est en réincarnant Gandhi, au milieu de la circulation déchainée, que le vieil homme fait l'aumône et peut manger. 

 

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Nous nous approchons de la montagne sacrée de Tirumala que quarante à cent mille pèlerins visitent chaque jour. Un service d'ordre très présent fouille les véhicules. La viande, les cigarettes, les boissons alcoolisées, les jeux de hasard et les dés sont interdits sur le site. Un policier confisque une pile d'assiettes et de gobelets et les jette avec autorité dans une des nombreuses poubelles qui bordent le poste de contrôle. Ici-même, les maoïstes auraient perpétré une attaque à l'explosif contre un ministre il y a quelques années et fait voler sa voiture en éclat. On nous prie de descendre et on nous palpe pendant que les sacs passent aux rayons X. Il reste une quinzaine de kilomètres à parcourir avant d'arriver au temple et cette débauche de préliminaires laisse présager du grandiose. Le long de la route des panneaux en grands nombres rappellent qu'il est interdit de cracher, d'uriner, de dépasser et de s'arrêter. 

 

En haut, enfin, une nature sylvestre très enveloppante donne à Tirumala un petit air de station de montagne proprette. Pas un déchet ne jonche le sol. Des mises en garde ordonnent de respecter les arbres, de ne pas utiliser de sacs en plastique alors qu'alentours d'immenses éoliennes remuent l'air avec mollesse. Les toilettes sont gratuites, de la nourriture est distribuée aux pèlerins et dix mille personnes, dont de nombreux policiers en civil, travaillent au bon fonctionnement de ce gigantesque lieu de pèlerinage. 

 

Venkateshwara est un Dieu puissant. Il peut exaucer les vÅ“ux de tout ceux qui se présentent à lui, souvent venus de très loin à pied, et qui auront pour la plupart, sacrifié leur chevelure. Mais l'affluence est telle, que les pèlerins, par milliers, sont canalisés dans un tortueux dédale de couloirs grillagés, psalmodiant leurs prières, pour se donner la force de patienter de six à dix heures suivant l'affluence. 

 

Je m'assieds en face de deux éléphants qui bénissent pour quelques roupies les dévots. Juste derrière eux scintille un écran géant où j'aperçois Venkateshwara. 

 

Je suis comblé.

[Francis Traunig]

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