GE - Une photo par jour

Istanbul - 13 heures 17

Timisoara, quatre heures du matin : Je quitte mon compère Kiwi qui remonte vers le nord, sur Paris. 

 

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Suis entouré par les supporters de l'équipe roumaine de foot qui joue ce soir contre la Turquie, ils sont en tout vingt hommes et deux femmes. « La Suisse, oui, on l'a battue, me dit mon jeune voisin un peu gêné, mais c'était un match amical, la Suisse est très bonne... Ah bon ? L'avion descend déjà ? Oui, depuis Bucarest, une petite heure de vol... bonne chance, à propos c'est les championnats de quoi ? » 

 

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Je me sens sucre dans un verre de thé, instantanément absorbé par la colossale énergie d'Istanbul. 

 

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Entre le chemin de fer et l'embarcadère, un peu à l'écart du passage, dans une espèce de no-mans land improbable, principalement peuplé de chats, un jeune homme a gonflé des ballons qu'on peut tirer avec une carabine à air comprimé. Je m'y essaye et rate quatre coups sur cinq, ce qui le fait rire... et en profite pour lui tirer le portrait. 

 

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Plus loin, j'aperçois un homme avec un bâton de pèlerin, chargé d'un volumineux sac à dos, avec suspendu autour du cou, un étui en plastique dans lequel est glissée une carte routière. Il a passé son appareil photo à travers un grillage pour prendre une image. Je l'aborde en anglais, il répond en français, heureux, me fait-il savoir d'enfin pouvoir converser un peu dans sa langue maternelle. Je lui demande où il va. 

 

-Je viens de Grenoble, vais à Jérusalem à pied. Je suis passé par la Suisse, Martigny puis ai marché sur Constance, l'Allemagne, l'Autriche, les Balkans et me voilà en Turquie. 

 

Nous faisons un bout de trottoir ensemble, et Jean-Michel, ancien militaire, me raconte son voyage, les raisons de sa quête. 

 

Il me dit s'être mis en marche le 19 juin et espère arriver à Jérusalem pour Noël.  

 

-Quel est, pendant tous ces mois, la chose qui vous a le plus marqué ? 

 

-L'indifférence. L'indifférence des gens...

[Francis Traunig]

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