GE - Une photo par jour

Trieste - 13 heures 04

...buongiorno dove ce il mercato ? Le supermarché ? Vous cherchez un supermarché ? Non. Je cherche le marché aux poissons, aux légumes. Finito, schluss, fertig ! La halle, derrière vous, c'était ça le marché, ça a été transformé en salle d'exposition. On voit des photographies sur la misère des femmes et des enfants en Afghanistan... Arrivederci ! 

 

Un peu plus loin, un homme en slip, pousse triomphant un caddy chargé de bric à brac et fait rire deux vendeurs de colifichets africains. Un couple posé passe, comme si l'homme en slip était transparent. Je m'approche de lui et lance : La vita è bella! Son visage jovial passe au blême instantanément, et il pousse un rugissement féroce. Je me rends compte avoir dit une connerie, m'excuse et m'en vais. 

 

A la gare routière, entre le va-et-vient des bus ronronnants, c'est un bal de sacs à dos et de valises à roulettes. Pina Bausch en aurait fait une pièce. Un petit frisé porte un sac plus gros que lui, sa copine, trois. Des espagnoles sont couchées sur les leurs comme sur des matelas pneumatiques. Des missionnaires américaines partagent bruyamment le bonheur d'avoir rencontré des compatriotes. Un beau black, athlétique, rôde parmi nous. Il observe, écoute, pianote sur le clavier d'un distributeur à billet avec une feinte indifférence... 

 

Le bus va, déjà se dodeline sur les routes de Slovénie et je ne peux m'empêcher de penser à Trieste coincée entre la nostalgie de sa grandeur et l'impossibilité de la faire revivre...

[Francis Traunig]

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