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machine temporelle

Letkokkon - 13 heures 16

Letkokkon. Visite d'une usine textile tenue par un ami Birman de Zaven. Dans un immense hall, au milieu d'un vacarme assourdissant, travaillent des centaines de personnes, toutes générations confondues. Des étagères remplies de boîtes d'étiquettes de marques prestigieuses attendent d'être cousues dans des morceaux de chiffons désarticulés. Je ne peux m'empêcher de penser à X. qui, une semaine auparavant, me montre « une superbe affaire », un veston payé 50 euros, « …j'en ai acheté quatre, qu'est ce que t'en penses ? pourquoi on trouve pas ce genre de truc à Genève ? non mais t'es d'accord ? regarde la coupe me va, elle me va, non ? ». X qui ne jure pourtant que par la qualité et pavane son statut social en Mercedes, défend avec force d'arguments le commerce de proximité. En fait, X ne voit pas plus loin que son intérêt, se fout comme d'une guigne de la provenance de ce qu'il consomme, de qui produit, de comment c'est produit. Faire une bonne affaire est son leitmotiv, aller se servir dans les magasins d'usines, c'est se persuader qu'on est un peu moins cons que ceux qui payent plein pot.  

 

... 

 

Des gargotes multicolores sur le point de s'effondrer proposent des poissons aux formes étranges.  

 

... 

 

En fixant longuement la mer lécher le sable avec sa langue râpeuse, je suis soudainement débordé par la nostalgie : la neige me manque - moi qui rêvait de paysages polychromes je me surprends, sans raisons particulières, à penser à Rougemont, à sa magnifique église et à son château - les aiguilleurs du ciel sont en grève et c'est la gabegie dans l'espace aérien de ma tête… Je ne sais plus si je rêve, ne sais plus où je suis, je plonge alors dans l'écume et lessive les odeurs de Rangoon dans l'eau chaude et fais fondre mon désir de neige…. 

 

… 

 

Acheté un vélo, m'élance sur la route, slalome entre nids de poules, qui sont parfois des cratères lunaires, et les cadavres d'animaux - écrasé par mégarde un chien mort - les camions, balles de revolver, me frôlent à la vitesse de TGV. Un casque serait aussi inutile ici qu'une carte de crédit dans la jungle en Papouasie. 

 

…. 

 

Femme sur la route à bicyclette avec une charge énorme sur la tête. Fébrile, je dégaine mon appareil, lâche le guidon, déclenche et me casse la figure dans un massif de fleurs qui borde un talus. Mais je tiens mon image… La femme que j'ai photographié n'a rien remarqué, elle continue impassible son chemin… et moi le mien avec l'image d'un moment qui n'aurait peut-être jamais existé si je m'étais attardé un peu plus, ailleurs, avant... 

 

Etre là ou ailleurs, qu'importe, c'est lâcher le guidon plus souvent qu'il faut - pour mettre le nez dans les fleurs.

[Francis Traunig]

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