GE - Une photo par jour
hhhhhhhhhhhhhSELECT o.*, m.titre_f AS module_titre , m.choix_themes AS module_choix_themes , m.id_module AS auteur_id_adresse , m.id_module AS auteur_id_adresse , m.titre_f AS auteur_titre , m.url_texte_f AS auteur_reference_rec_repertoire FROM netop_global_objet AS o INNER JOIN netop_global_module AS m ON o.objet_auteur_code = m.code_auteur WHERE 1=1 AND objet_auteur_code = 'upj_maxjacot' AND objet_date = '2009-12-03' numero=1262
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machine temporelle

18 heures, je m'éloigne de la ville sur ma bicyclette

au fond d'une ruelle, la rumeur me prend sous mon casque, et mes yeux sont envahis par des lueurs jaunâtres et mauves 

au bout de la ruelle, l'espace semble en ébulition 

mes pneus patinent dans la boue, je ralentis en approchant du portail en ferraille entrouvert sur ce chantier sourd et chaud 

je m'arrête et me laisse capturer par ce grand corps vivant, murmurant, érotique, en transe 

je ne peux me retenir de laisser monter les images de cérémonies religieuses sauvages 

 

quelques heures plus tard, abondamment trempé par la pluie, j'entre dans la salle de concert 

je traverse les corps, faufilant et bousculant jusqu'aux lueurs jaunâtres et mauves, la rumeur sauvage pénétrant mon corps et traversant les bouchons dont j'ai protégé mes oreiles 

mes mains touchant la scène, je ressens longuement la puissance du bruit 

puis mes yeux explorent, suivent des cables, des pieds de ferraille, des boîtes scotchées au sol, et plus loin une chaussure ridicule aux reflets mauves d'où s'élève une épaisse jambe nue lourdement secouée 

plus haut une sorte de culotte de pijama, un t-shirt déformé par l'effort et la sueur 

la tête du vieux batteur, sous des cheveux rares collés au crane, rayonne de passion… 

 

au fond, la même boue que sur le chantier, la même noblesse épaisse que les ouvriers faisant charrette pour terminer le gros oeuvre 

la même ébulition, le même grand corps vibrant d'une transe érotique 

 

et surtout, je sens là tout ce qui manque cruellement à un occident du confort et du divertisement: la joie intense du ridicule dépassé dans la passion, le jeu théâtral avec la violence, et cette étonnante douceur dans le public - quand les corps fusionnent dans un événement sans stars et sans prétention, juste la musique et la pulsion, personne n'a plus rien à foutre de s'irriter contre son voisin qui lui marche sur les pieds… 

 

évidemment les images seraient sublimes … 

mais pas un seul instant je ne songe à sortir ma petite boîte technologique à images ! 

et j'en reste au respect de la "chose" et je laisse mon corps et ma pensée exister

[Max Jacot]

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