GE - Une photo par jour

Ce soir, je préfère choisir une bière "du diable" pour nourrir mon esprit.

Début de soirée au théâtre de la Comédie pour un Andromaque que je fuis à l'entracte.  

 

Andromaque, veuve d'Hector et orpheline de toute sa famille troyenne, aime son fils Astyanax. Pyrus, fils d'Achille et maître d'Andromaque vaincue, est amoureux d'elle sans retour. Hermione, fiancée de Pyrus, est délaissée par le volage. Oreste arrive, envoyé par le Grecs pour tuer Astyanax. Il aime Hermione, qui l'utilise pour réveiller les faveurs de Pyrus. Et cetera, et cetera… 

 

Encéphalogramme plat. 

 

La mythologie grecque, puissante, burlesque, profonde, produisant du sens complexe, est pillée par la Racine et rabaissée à des batailles d'ego entre coqs en rut. 

 

Sur la scène, des acteurs parlent faux, naviguent entre 2 chaises ou se reposent sur huit chaises.  

 

Je vois déjà les journaux et j'entends les critiques, frappés par la mise en scène originale, la simplicité du décor, le jeu décalé des acteurs. La forme "nouvelle". Tout cela me semble frappé au sceau du marketing culturel et tout fabriqué exprès pour réjouir les beaux habits qui emplissent le parterre. 

 

La bière Duvel qu'on me sert bientôt, accompagnée d'une tranche d'un gâteau au citron bien acide et meringué, me fait revivre. Et je tâte du bout de l'âme mon esprit redevenu plus vif que mort et qui joue, ainsi qu'avec un petit rat prisonnier, les jeux du diable … Duvel … Devil … Teufel … Beaucoup plus intéressant qu'Andromaque de monsieur Racine ! Le diable est toujours intéressant. Mon voisin, africain distingué du Burundi, me confie que cette bière - il en boit une aussi - est bien bonne mais a le défaut d'être … d'extrême droite.

[Max Jacot]

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