GE - Une photo par jour

Ouzo

Quelques jours auparavant, la discussion fut vive entre Bernard le matelot, à gauche, admirateur béat d'Obama, et notre capitaine Denisos Margadanpoulos, à droite, le chantre opiniâtre du secret bancaire helvétique à ses dires scandaleusement menacé par l'administration américaine. 

 

Fort heureusement l'Ouzo (qui rapproche les gens comme chacun sait) fit rapidement son office et c'est bras dessus bras dessous que les deux vieux loups de mer antagonistes enterrèrent leurs différents idéologiques dans de solides libations réconciliatrices. 

 

Bernard le matelot pouvait reprendre ses activités de photographe marin (au bouger si délicat) qu'il pratique les deux bras tendus devant lui, comme une sorte de dévotion rendue à la déesse des arts qui d'évidence l'inspire dans ses si jolis travaux sur le corps humain flasque et avachi, ainsi que sur le portrait déconfit des exténués du roulis… 

 

Margadanpoulos, lui, n'avait plus qu'à tenir le cap vers Leros, sa nouvelle capitale offshore, sorte de Saint-Tropez sans trop de pèze où l'attendait Tony Montana himself judicieusement déguisé en papi bedonnant.  

 

Derrière eux, et sur la gauche de la photo, gît en râlant affreusement un malheureux réfugié suisse d'extrême centre, artisan honnête en but à la concurrence déloyale de tous ces salauds de pauvres du sud qui se précipitent dans nos beaux pays du nord pour piquer nos gonzesses, nos boulots et ruiner nos régimes sociaux (sans compter qu'ils foutent pas mal le bordel aux Pâquis)… Mais, le pauvre bougre assommé par tant d'injustices, de moussaka et autres souvlakis, avait le cœur au bord des lèvres et ne tarda pas, en travailleur ardent, à repeindre le bateau (un peu maladroitement certes, mais en plusieurs couches quand même) sous l'œil protecteur et bienveillant de notre bon capitaine, seul maître à bord en l'absence de ma femme…

[David Séchan]

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