GE - Une photo par jour

Mon éphéméride à moi... :)

On ne gagne pas à tous les coups. Cette année je n'ai pas gagné. Et puis, je participe au journal communautaire de Preissac, bénévolement depuis 10 ans pour le simple plaisir d"écrire, de raconter. Alors je n'écris certainement pas dans le but de gagner mais principalement parce que j'aime ça. Sauf que, lorsque la qualité d'un de nos textes est reconnue, ça fait toujours un p'tit v'lours ... :) Après tout, troisième au Québec, ce n'est pas si mal ... :) 

 

Après un arrêt de plus d'une année et demie parce que je ne voyais plus assez pour écrire, je reprenais cette activité en Novembre 2010, un mois après avoir été opérée pour des cataractes aux deux yeux. 

 

Ciel d'Afrique et pattes de gazelle, ce que c'est génial de voir à nouveau, de ne plus buter sur le moindre caillou ou la moindre inégalité du sol... :) 

 

Voici le texte qui m'a été inspiré à la suite de cette pièce de théâtre à laquelle j'ai eu le bonheur d'assister. 

 

Texte publié en novembre 2010 dans le journal communautaire l'Alliance de Preissac, membre de l'association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ). 

 

 

La folle odyssée de Bernadette.  

Un voyage à travers le temps qui est passé par chez nous. 

 

 

Bernadette Turcotte, son mari, le frère de son mari et la femme de celui-ci ainsi que leurs enfants de 5, 3 et 2 ans et un poupon ont entrepris, il y a cent ans, un voyage, par les eaux, qui les mena du lac des Quinze au Témiscamingue jusqu'à Amos. Navigant à bord de deux canots et «portageant» entre la rivière «Ottawa» vers la Kinojevis, sur 10 milles jusqu'au portage Gendron et un petit lac (le lac Vaudray) et un ruisseau de 25 milles de long tout croche. Parvenir ainsi à la rivière Bousquet et sur le lac du même nom. Ils poursuivirent leur route dans un orage terrifiant à travers le lac Chassignol puis le lac Preissac pour trouver finalement refuge sur le site de la mine de molybdénite de Monsieur Bob Sweezey que l'on peut situer entre le chemin des Peupliers et le chemin de la Montagne. Ils se dirigèrent ensuite vers le lac Cadillac. Puis, après un long et difficile portage ils atteignirent le lac Malartic et le lac Lamotte. Leur périple prit fin avec leur arrivée à l'endroit où la transcontinentale traverserait la rivière Harricana et deviendrait la ville d'Amos, le 15 octobre 1910, 22 jours après le départ des rives du lac des Quinze. 

 

Le journal de Bernadette Thomas épouse de Joseph Turcotte. 

 

Cette histoire nous est contée aujourd'hui grâce à Bernadette qui avait tenu un journal de leur voyage décrivant les moyens de transports ou les paysages grandioses de l'Abitibi sauvage d'il y a cent ans. Une Abitibi sans route, sans habitant ou si peu. Des autochtones connaissant la région depuis des siècles, des prospecteurs explorant ce grand territoire, des ingénieurs et des travailleurs de chantiers qui préparaient le terrain pour recevoir la voie ferrée qui relierait notre coin de pays au reste du continent. Des visionnaires aussi comme Joseph, le mari de Bernadette, et son frère Ernest qui voulaient être installés dans leur magasin pour recevoir les gens quand arriveraient les familles au printemps de 1911 pour «ouvrir les terres» et développer tout le potentiel que laissait entrevoir l'immensité d'un pays neuf. Un endroit où, bien sûr, il y eut parfois de grandes déceptions mais aussi et surtout un endroit où tout semblait possible à qui y croyait. 

 

Les noms des lacs dans le journal de Bernadette sont bien souvent ceux que leur attribuaient les autochtones. Cette toponymie locale donne la merveilleuse impression de voyager dans une contrée mystérieuse, inconnue, majestueuse, fabuleuse. «...après le dîner nous continuons notre route jusqu'au premier rapide de cette rivière... Nous arrivons au lac Kakaké qui a 5 milles de longueur... nous continuons jusqu'au grand lac Kewagama. Il a 20 milles de longueur et nous devons attendre que le vent s'apaise ...» Dans cet extrait nous nous trouvons à la hauteur de la rivière et du lac Bousquet (lac Kakaké) ainsi que les lacs Chassignol et Preissac (grand lac Kéwagama).  

 

Une performance remarquable. 

 

Dès les tous premiers instants, la magie opère. L'assistance entière apprécie tant le jeu des acteurs que le récit. Les effets apportent juste ce qu'il faut pour soutenir les propos des personnages. Nous nous retrouvons voyeurs de la vie simple de ces rêveurs sur le perron de leur cabane en bois rond à Nord Témiscamingue discutant de ce projet, un peu fou, de tout quitter, une autre fois, pour tenter l'aventure de l'Abitibi. Puis une carte s'éclaire et montre le trajet de lacs en rivières, en ruisseaux, en lacs, en portages, en rivières... au fil des pages du journal que Bernadette écrit devant nous alors que prennent place deux canots chargés d'enfants, de femmes, d'hommes et de 2 tonnes de marchandise.  

 

Une force créatrice hors du commun. 

 

Le projet de création de cette pièce avait vu le jour au mois de juin dernier. Le délai était court. Toutefois, à en juger par le résultat, on peut avoir encore plus d'admiration envers l'auteur qui a su si bien saisir les moments mémorables de cette histoire mais aussi la mise en scène et les comédiens dont un petit garçon de 5 ans tout à fait étonnant et une charmante fillette qui ont assurément sacrifié une bonne partie de leur été afin d'offrir au public une performance qui n'a rien à envier aux plus grands. Plus qu'un simple moment agréable, la folle odyssée de Bernadette est un voyage extraordinaire à travers une région comme on ne l'a pas vue depuis longtemps. Vivement une prochaine présentation de la folle odyssée de Bernadette. 

 

Par Danielle Magny

[Danielle Magny]

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