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HARI ÔM INDIA - 36 - La fleur confinée

DÉLATEURS SUISSES 

 

La Suisse paraît comme un pays accueillant mais où la délation est un sport national. À l'angoisse du Coronavirus , dans ces moments difficiles, la peur conduit les délateurs à s'en donner à cœur joie. Dans les heures sombres de cette épidémie, les policiers des cantons romands ne comptent bientôt plus les appels dénonçant en particulier des groupes de personnes réunies dans les quartiers, ou alors un voisin faisant un barbecue avec des amis où simplement avec sa famille en envoyant des photos depuis leurs smartphones à la centrale de police. Même la Télévision Suisse Romande selon les dires de Marius Rochebin, reçoit des photos où des vidéos de délateurs dénonçant des faits qui ne sont pas conformes à ce confinement général.  

Ce genre de sport est lamentable, car la délation consiste à fournir des informations concernant un individu, en général à l'insu de ce dernier, souvent inspirée par un motif contraire à la morale ou à l'éthique. Le langage populaire a produit un lexique pour désigner ces pauvres types : mouchards, balances, donneurs, indics, collabos, traîtres ou Judas. Le délateur en général est un type aigri, mal dans sa peau, sournois, faux jeton, tordu qui utilise telle situation pour assouvir une vengeance ou une haine à l'égard d'un individu ou d'un groupe d'individus. Bref, les délateurs sont des gens qui s'emmerdent dans la vie, c'est triste d'en arriver-là ! 

Mais heureusement que nous ne sommes pas en pleine guerre, parce que ces dénonciations gratuites pourraient mener les dénoncés à la prison, à la torture ou à la mort. L'arrivée du smartphone sur le marché a encouragé ce genre de pratique peu recommandable.  

 

Dans le roman d'Orwell « 1984 » une caméra appelé un « télécron » est installée dans le salon des particuliers dont les images sont visionnées par les agents du Parti. Mais on comprend assez vite que les pires délateurs, les surveillants les plus pointilleux sont les citoyens eux-mêmes, qui scrutent les uns les autres. Même si aujourd'hui, les innovations high-techs promettent la transparence absolue, ce qui est faux, nous entrons de pleins pieds dans le roman d'Orwell, notre smartphone est un outil qui scrutent les moindres recoins de notre vie privé. Orwell n'y avait pas pensé, que chaque smartphone devient une caméra de surveillance qui à tout moment peut fournir des informations à un gouvernement ou à un groupe malsain. Les délateurs ont encore de beaux jours devant eux.  

 

Attention, il ne faut pas confondre un délateur avec un lanceur d'alerte qui dénonce les activités criminelles d'un Etat, d'une banque, d'un groupe industriel ou mafieux. Les lanceurs d'alertes sont des acteurs qui ont un rôle primordial pour protéger nos libertés fondamentales.

[Jean-Louis Claude]

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