GE - Une photo par jour

Francis Traunig



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Juin 2010

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30.06.2010 - Genève - 17 heures 42

C'étaient les années quatre vingt
J'avais 25, 26 ans
Peur de rien et une bicyclette
Lu Le Clézio sans vraiment comprendre
Cru comprendre
Qu'aimer passionnément
Engendrait la réciproque
Et des enfants en bonus

C'était le temps où Bill
Promenait son amour de la beauté
En faisant ronronner les entrailles de son américaine
Sa voiture c'était lui
Ses pneus blancs étaient ses chaussures
Son taxi était sa vie

C'était le temps où
le temps ne compte pas
ni l'énergie qu'on dépense pour sauver un rêve de la noyade
C'était le temps où les chutes du Rhin
Me traversaient le corps
Quand elle disait du bout des lèvres : « Mais oui? »

C'était le temps des sourires étincelants reflétés par les chromes
Où la vitesse empêchait les promesses
Où l'amour était un feu de joie
Qui brûlait en plein soleil

C'était le temps où les corps étaient des peaux de tambours
Qui faisaient des bruits d'orages
Quand on les effleurait des doigts

C'était le temps où Bill brillait
Se moquant comme d'une guigne des 80 ans qu'il a aujourd'hui
Vertical encore sur le radeau de la Méduse de cette photographie

Toujours encore, il sourit ?

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29.06.2010 - Sur la route - 14 heures 57

Vers quoi a bien pu se porter sa dernière pensée avant qu'il ne rende son âme à Dieu ?

Le fumet du brouet que lui préparait sa tendre épouse ?

Le chant du merle qu'il a tant aimé ?

Lulu et son beau joufflu ?

La peur de manquer d'air ?

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28.06.2010 - Sur la route - 20 heures 23

Sur la route.

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27.06.2010 - Genève - 20 heures 56

"Je viens d'arriver à Berlin?les gens ont l'air vachement sympa?Bisous. J."

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26.06.2010 - Genève - 23 heures 30

?je?oui, sirop de sureau?Jacques?rire?melon et fromage jusqu'au bout?passez-moi les plats?regardez mes mains? remonte du pain !?rentré les foins?Ramu?touché quelque chose de magnifique, devinez quoi ??Simon, ça va l'école ??touché quoi?et toi tu ??tu, le bleu de l'encre?Alain?Une Saison en Enfer?, ah, oui, le connais?où habites-tu ? dans le, dans le, dans le buisson ardent de Lulu?qui coupe la tarte ? mardi : pique-nique, etc?arrête !? la lune?lune vite?monte?Ghana?.qui ?? martinets et l'odeur du café?couper la tarte ??c'est beau?Fabio, dommage?regarde la bougie?c'est pas rond?je savais que, je savais que tu le dirais?transparence?une par jour?sens ??c'est bon, ta tarte !?tiens Ruth rentre, il y a de la lumière?un chalet dans un couloir d'avalanche?arrête !?le moins souvent possible?on se réjouit?

Et pendant que murissait la lune dans le ciel, Aline, qui ne la voyait pas, regardait pour la huitième fois Autant en emporte le vent.

La soirée était douce et il a peu plu, sinon pas du tout?.

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25.06.2010 - Les Cropettes - 19 heures 17

Vue d'avion de l'énergique chanteuse de "What's wrong with us" au festival des Cropettes.

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24.06.2010 - Choulex - 20 heures 14

A l'orée du bois de pins, dans les confins de l'adolescence?

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23.06.2010 - Bonvard - 19 heures 06

Mais vers qui me mène ce toboggan de lumière ?

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22.06.2010 - Collex-Bossy - 16 heures 31

?nous poursuivons des abeilles sur une mer de bleuets avant de nous retrouver, harengs au fond des bois, devant les mystères d'un parcours fléché par des castors? la vie est belle!

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21.06.2010 - Genève - 18 heures 05

L'absence de pluralité des sources d'informations serait une menace pour nos démocraties modernes.

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20.06.2010 - Genève - 18 heures 01

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19.06.2010 - Genève - 15 heures 55

?m'effleure l'idée de proposer à cette aréopage de donzelles de revenir poser dans trente ans pour refaire une photo, mais vite me rends compte qu'elles auront plus de chance d'être au rendez-vous que moi. Je garde alors cette idée saugrenue dans la bouche, la mastique et l'avale?

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18.06.2010 - Genève - 20 heures 44

Sommes dans la cour de la maison où vécu Jean Calvin. Une femme pousse des cris pour expectorer une rage qui, on le sent, doit lui faire mal là où elle est coincée. Entre les déferlements sonores, au moment où la femme reprend son souffle, on entend un petit piaillement obstiné, à contretemps, peut-être un problème de sono? Un oiseau rase le public, va d'un bord de fenêtre à l'autre, comme excité par la voix. Le concert terminé, les piaillements reprennent avec force. Une mère appelle sont petit tombé du nid dans le fond de cette cour remplie de sono et de public. Quelqu'un prend l'oisillon, le pose sur une plante d'ornement. La mère tourbillonne au-dessus de son rejeton qui pousse des cris. S'installe un pianiste au milieu des piaillements, un deux, un deux, et on est reparti?

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17.06.2010 - Lux - 11 heures 46

L'enregistrement photographique de la surface des astres ou de celui d'objets banals de notre quotidien, procède souvent du même langage formel singulier, aux frontières de notre système de référence. L'espace abstrait surgit alors, par surprise, mobilisant notre interprétation et notre imaginaire.

Voilà pourquoi le carton à chaussures (où l'on range les photographies de famille) et la conquête spatiale sont les plus nobles missions de l'invention de Nicephore Niepce.

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16.06.2010 - Les Pâquis - 13 heures 09

Rose-Marie au balcon?

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15.06.2010 - Genève - 08 heures 08

-youhououuuuu, ouhouuu, ouhuuuu, ououou?

-Bonjour Madame, vous chantez ?

-Ouiii ! Je chante pour les gingko qui pleurent.

-Pourquoi, ils pleurent ?

-Parce qu'ils ont survécu à Hiroshima.

-youhouuuu, ouou, ouou?.

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14.06.2010 - Genève - 10 heures 49

Mésange à longue queue?

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13.06.2010 - Cologny - 18 heures 12

Impétueuse, la toute jeune Fruzsina Szuromi dirige le choeur de Vandoeuvres-Choulex-Cologny qui fête ses 100 ans.

Madame X, corsetée dans le vêtement de la tradition, a essayé d'imposer la tenue bas noirs aux choristes en jupe pour empêcher que Mozart ne leur donne la chair de poule, et fasse tourner les têtes? et flamber les hormones.

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12.06.2010 - Genève - 19 heures 17

Pris entre deux miroirs, Absurde cherche de l'élan pour se dégager.

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11.06.2010 - Genève - 13 heures 18

Les deux soeurs.

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10.06.2010 - Choulex - 19 heures 10

?eh Max, si tu me voyais !
Suis couché sur une chaise longue
Qui l'eût cru, pieds en éventail, dans le jardin
Le premier surpris c'est moi, crois-moi bien
Je déteste les chaises longues, les méprise et me fous sans retenue de ceux qui en ont une dans la tête
parce que tu penses bien
Avant d'en avoir une dans le jardin, faut déjà l'avoir dans la tête

Au-dessus de moi, comme au-dessus d'une grosse merde, s'agitent une flopée de moucherons, ils savent d'instinct que nous en produisons des tonnes dans une vie

Sans doute

Plus haut un martinet au vol haché

s'en fout

Sur mon sexe un trognon de pomme
Qui me glisse dans l'entrejambe - suis en short rassure-toi - et j'essaie simultanément de lire : du Jim Morison, genre :

Accomplishments :

To make works in the face
Of the void
To gain form, identity
To rise from the herd-crowd

Public favour
Public fervor

Even the bitter Poet-Madman is
A clown
Treading the boards

Et du Carver, genre :

Ce que dit une femme pendant son bain de soleil

Une espèce
D'inertie vague ;
Des clapotis plein le crâne
Le c?ur & les doigts
(toutes les extrémités)
Luisent
Sous ta caresse indifférente?

Etc?


J'ouvre un livre, le referme. Prends l'autre, le retourne. Ouvre les deux. Les empile. Suis distrait par un oiseau qui gueule un peu fort, par un nuage fessu, par le bruit d'une cerise qui tombe - plok. Ce plok me réveille, et je me trouve tout ahuri sur cette chaise-longue.

Alors, au milieu de ce tendre chaos estival, tout à coup, me viennent à l'esprit tes coups de gueules contre le beau, le propre, la forme?


Je pense alors à cette phrase de Bunuel gobée à l'adolescence : Il n'y a pas de liberté d'expression sans maîtrise technique. Parfois j'ai resservi ce slogan (un slogan ça verrouille) au milieu d'une conversation juste pour paraître moins con et clouer le bec à un détracteur?
et me le clouais à moi-même
et verrouillais la conversation
péremptoire couillon

La forme, le fond ? Le vase et l'eau ? Peut-être ?

Moi j'aime les formes ? quand elles nourrissent ce qui est beau, ce qui peut paraître mièvre et gentil pour l'un,
peut être incontournable pour l'autre
(je sais qu'il y a des gens que le mot gentil insupporte), j'aime une belle mise en scène, même convenue, si elle produit du lien.

La forme comme main tendue pour aller plus loin si entente. Oui. La forme si elle réunit.

La forme qui sait se retirer, pudiquement et laisser le fond nous faire vibrer, au fond?

La forme si elle transforme le point d'interrogation en exclamation.

Mais l'abus de forme peut-être nocif, au fond ?

Je passe le relais et te fais suivre un extrait de la correspondance entre Artaud et Rivière où forme et fond sont le c?ur d'un échange épistolaire lumineux, et t'embrasse.

Pancho


Antonin Artaud à Jacques Rivière, Le 5 juin 1923

« Je souffre d'une effroyable maladie de l'esprit. Ma pensée m'abandonne à tous les degrés. Depuis le fait simple de la pensée jusqu'au fait extérieur de sa matérialisation dans les mots. Mots, formes de phrases, directions intérieures de la pensée, réactions simples de l'esprit, je suis à la poursuite constante de mon être intellectuel. Lors donc que je peux saisir une forme, si imparfaite soit-elle, je la fixe, dans la crainte de perdre toute la pensée. Je suis au-dessous de moi-même, je le sais, j'en souffre, mais j'y consens dans la peur de ne pas mourir tout à fait.
Tout ceci qui est très mal dit risque d'introduire une redoutable équivoque dans votre jugement sur moi.
C'est pourquoi par égard pour le sentiment central qui me dicte mes poèmes et pour les images ou tournures fortes que j'ai pu trouver, je propose malgré tout ces poèmes à l'existence. Ces tournures, ces expressions mal venues que vous me reprochez, je les ai senties et acceptées. Rappelez-vous : je ne les ai pas contestées. Elles proviennent de l'incertitude profonde de ma pensée. Bien heureux quand cette incertitude n'est pas remplacée par l'inexistence absolue dont je souffre quelquefois.
Ici encore je crains l'équivoque. Je voudrais que vous compreniez bien qu'il ne s'agit pas de ce plus ou moins d'existence qui ressortit à ce que l'on est convenu d'appeler l'inspiration, mais d'une absence totale, d'une véritable déperdition.
Voilà encore pourquoi je vous ai dit que je n'avais rien, nulle ?uvre en suspens, les quelques choses que je vous ai présentées constituant les lambeaux que j'ai pu regagner sur le néant complet.
Il m'importe beaucoup que les quelques manifestations d'existence spirituelle que j'ai pu me donner à moi-même ne soient pas considérées comme inexistantes par la faute des taches et des expressions mal venues qui les constellent.
Il me semblait, en vous les présentant, que leurs défauts, leurs inégalités n'étaient pas assez criantes pour détruire l'impression d'ensemble de chaque poème.
[?]
Car je ne puis pas espérer que le temps ou le travail remédieront à ces obscurités ou à ces défaillances, voilà pourquoi je réclame avec tant d'insistance et d'inquiétude, cette existence même avortée. Et la question à laquelle je voudrais avoir réponse est celle-ci : Pensez-vous qu'on puisse reconnaître moins d'authenticité littéraire et de pouvoir d'action à un poème défectueux mais semé de beautés fortes qu'à un poème parfait mais sans grand retentissement intérieur ? J'admets qu'une revue comme la Nouvelle Revue Française exige un certain niveau formel et une grande pureté de matière, mais ceci enlevé, la substance de ma pensée est-elle donc si mêlée et sa beauté générale est-elle rendue si peu active par les impuretés et les indécisions qui la parsèment, qu'elle ne parvienne pas littérairement à exister ? C'est tout le problème de ma pensée qui est en jeu. Il ne s'agit pour moi de rien moins que de savoir si j'ai ou non le droit de continuer à penser, en vers ou en prose. »

Antonin Artaud à Jacques Rivière, le 29 janvier 1924
« Je ne cherche pas à me justifier à vos yeux, il m'importe peu d'avoir l'air d'exister en face de qui que ce soit. J'ai pour me guérir du jugement des autres toute la distance qui me sépare de moi. Ne voyez dans ceci, je vous prie, nulle insolence, mais l'aveu très fidèle, l'exposition pénible d'un douloureux état de pensée. [?]
Cet éparpillement de mes poèmes, ces vices de forme, ce fléchissement constant de ma pensée, il faut l'attribuer non pas à un manque d'exercice, de possession de l'instrument que je maniais, de développement intellectuel ; mais à un effondrement central de l'âme, à une espèce d'érosion, essentielle à la fois et fugace, de la pensée, à la non-possession passagère des bénéfices matériels de mon développement, à la séparation anormale des éléments de la pensée (l'impulsion à penser, à chacune des stratifications terminales de la pensée, en passant par tous les états, toutes les bifurcations de la pensée et de la forme).
Il y a donc un quelque chose qui détruit ma pensée ; un quelque chose qui ne m'empêche pas d'être ce que je pourrais être, mais qui me laisse, si je puis dire, en suspens. Un quelque chose de furtif qui m'enlève les mots que j'ai trouvés, qui diminue ma tension mentale, qui détruit au fur et à mesure dans sa substance la masse de ma pensée, qui m'enlève jusqu'à la mémoire des tours par lesquels on s'exprime et qui traduisent avec exactitude les modulations les plus inséparables, les plus localisées, les plus existantes de la pensée. Je n'insiste pas. Je n'ai pas à décrire mon état. »
Post-scriptum d'une lettre où étaient discutées certaines thèses littéraires de Jacques Rivière
« Vous me direz : pour donner un avis sur des questions semblables, il faudrait une autre cohésion mentale et une autre pénétration. Eh bien ! c'est ma faiblesse à moi et mon absurdité de vouloir écrire à tout prix, et m'exprimer.
Je suis un homme qui a beaucoup souffert de l'esprit, et à ce titre j'ai le droit de parler. Je sais comment ça se trafique là-dedans. J'ai accepté une fois pour toutes de me soumettre à mon infériorité. Et cependant je ne suis pas bête. Je sais qu'il y aurait à penser plus loin que je ne pense, et peut-être autrement. J'attends, moi, seulement que change mon cerveau, que s'en ouvrent les tiroirs supérieurs. Dans une heure et demain peut-être j'aurai changé de pensée, mais cette pensée présente existe, je ne laisserai pas se perdre ma pensée. » [6]
Antonin Artaud à Jacques Rivière, 25 mai 1924
« Pourquoi mentir, pourquoi chercher à mettre sur le point littéraire une chose qui est le cri même de la vie, pourquoi donner des apparences de fiction à ce qui est fait de la substance indéracinable de l'âme, qui est comme la plainte de la réalité ? Oui, votre idée me plaît, elle me réjouit, elle me comble, mais à condition de donner à celui qui nous lira l'impression qu'il n'assiste pas à un travail fabriqué.
[?]
Cette inapplication à l'objet qui caractérise toute la littérature, est chez moi une inapplication à la vie. Je puis dire, moi, vraiment, que je ne suis pas au monde, et ce n'est pas une simple attitude d'esprit.
[?]
Il faut que le lecteur croie à une véritable maladie et non à un phénomène d'époque, à une maladie qui touche à l'essence de l'être et à ses possibilités centrales d'expression, et qui s'applique à toute une vie.
Une maladie qui affecte l'âme dans sa réalité la plus profonde, et qui en infecte les manifestations. Le poison de l'être. Une véritable paralysie. Une maladie qui vous enlève la parole, le souvenir, qui vous déracine la pensée. » [7]

Antonin Artaud à Jacques Rivière, 6 juin 1924
« Et voilà, Monsieur, tout le problème : avoir en soi la réalité inséparable et la clarté matérielle d'un sentiment, l'avoir au point qu'il ne se peut pas qu'il ne s'exprime, avoir une richesse de mots, de tournures apprises et qui pourraient entrer en danse, servir au jeu ; et qu'au moment où l'âme s'apprête à organiser sa richesse, ses découvertes, cette révélation, à cette inconsciente minute où la chose est sur le point d'émaner, une volonté supérieure et méchante attaque l'âme comme un vitriol, attaque la masse mot-et-image, attaque la masse du sentiment, et me laisse, moi, pantelant comme à la porte de la vie. »

Sources : www.larevuedesressources.org

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09.06.2010 - Meyrin - 21 heures 48

Vu :

Devant un cinq étoiles, une jeune femme sport-chic, gantée de blanc, s'agenouiller devant une Bentley nacrée pour en considérer le châssis. Se relever d'une main avec une agileté de hip-hopeuse, ouvrir le capot, l'examiner puis glisser vers le coffre et faire pareil.

Trois personnes, oreillettes tirebouchonnant, entourent la voiture avec les mêmes précautions qu'on a pour les avions avant qu'ils décollent. En retrait de cette scrupuleuse inspection, un homme, beau comme Jivago en Armani, porte une attention inquiète à la scène jusqu'au moment où, la femme aux gants blancs, adresse un très léger signe de tête à Jivago qui s'engouffre alors d'un bond dans la Bentley et démarre.


Vu :

Anne présenter sa saison au Forum Meyrin avec une prestance, un enthousiasme qui a réussi à faire oublier au public présent que la culture n'est pas un produit de consommation mais une nourriture pour l'esprit.

« Se cultiver c'est bien mais ça ne rend pas forcément moins bête? » dit une des personnes invitée sur scène. Tonnerre d'applaudissements.


Vu :

Une grenouille pousser son cri d'amour au milieu de mille autres dans les pénombres d'un bois odorant.

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08.06.2010 - Genève - 12 heures 48

Puisque notre corps ne sait plus préserver ses secrets, il faudrait proposer à l'église de la technologie d'investigation médicale moderne pour partir à la recherche de l'âme - savoir si elle niche du bon côté. Eco-responsabilité qui aurait empêché le clergé, avec sa mode du bûcher, de souiller l'atmosphère et de foutre ne l'air le jardin de Dieu?

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07.06.2010 - Choulex - 20 heures 36

?monde laborieux, préoccupé par son destin.

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06.06.2010 - Troinex - 13 heures 33

?comme nous, la guêpe boit, pique, se réjouit de l'été et fait des petits.

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04.06.2010 - Genève - 14 heures 38

Une image ! Vite une image !

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03.06.2010 - Genève - 15 heures 56

Projection dans le futur?

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02.06.2010 - Genève - 08 heures 18

L'intelligence c'est la capacité d'adaptation au changement du milieu. Ce couple s'est rendu compte que les trottoirs, le matin, étaient constellés de miettes de croissants. Ils attendent qu'il en pleuve..

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01.06.2010 - Genève - 12 heures 30

Nicolas revient d'Israël avec un cadeau pour moi! Post Tenebras Lux!

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