GE - Une photo par jour

MARELLE - une installation du collectif uneparjour


En parallèle avec la préparation des images pour l'installation plusieurs textes ont opéré des déviations à partir des thèmes de la marelle, des pieds et du ciel.


Ils parlent parfois de la danse indienne, ou des imaginaires individuels et collectifs qui sont levés par les images, tatouages au Mali, bandelettes au Mont des Oliviers, ou "tatouages" publicitaires des marques de chaussures


Ils sont parfois des mélanges d'histoire et de fiction, ils parlent de Marelle la rochelaise, colletionneuse d'olzlithes ou des pieds de Shiva et de la NASA.


Ils ont été écrits par Little Heart, Béatrice Darnal, Max Jacot, Amsatou Diallo, Julie Sauter.



Ces textes vont continuer de s'écrire, en préparation d'autres expositions ou d'autres créations.


Si ces images vous entraînent les pieds et la pensée vers un ciel quelconque, transmettez-vous vos textes ou réflexions ! Ils pourront être publiés sur le site. Merci.



Le danseur

Il est là, il est comme toi et moi, c'est un être humain.
Sauf que lui, c'est un danseur.
Et qu'un danseur ça trace son chemin en faisant des pas.

Pas nécessairement des pas compliqués non. Des pas mesurés, maîtrisés, calibrés.

Le danseur sait de quel pas est faite sa marche.
C'est presque un marcheur sauf qu'il se détache du sol.

Le marcheur lui compte sur l'équilibre de sa stature pour ne pas trop se fatiguer.
Le danseur au contraire se fatigue.
Il n'a pas peur de battre le rythme à tout va
tim ta dim da ta' teyyam da ta tey tey da di ti tey tey teyyam di ti tey tey teyyam di ti'
et il poursuit, en rythme, de plus en plus vite.
Son pas s'accélère de même que son pouls.
Il ne sait plus rien faire d'autre que danser.

Pourtant il suit quelque chose qui fait de lui un homme.
Un être humain formé par la nature.
Pas un escogriffe, dont le corps serait suspendu au ciel comme dans un rêve.

Le danseur connaît la fragilité de son humanité. Comme nous il vieillit.
Comme nous il rêve.
Il rêve de pouvoir marcher entre les nuages.

Danser' c'est un peu marcher au ciel, déjà.


L.H.




SHIVA SKYWALKER Project :
« this is how we walk on the moon »


C'est l'histoire de Shiva Skywalker : des pieds de dieux vus par des yeux d'humains.

Tout a commencé quand, chez une antiquaire de Fort Cochin, j'ai trouvé un modèle de pieds de Shiva.
Extraits d'une statue de cuivre qui devait régner en maître dans un des temples de la région, les pieds de shiva avaient l'air d'une paire de chaussures.
On aurait dit des prototypes de la NASA pour aller marcher sur la Lune.
« Have a look at my new astral shoes ! » '
J'avais envie de danser avec.

Ce sont peut-être les chaussures d'un skywalker, échoué depuis longtemps dans un village oublié ? me suis-je dit.
Les indiens eux sont persuadés depuis des millénaires qu'ils sont venus, en marchant, des étoiles.
The Vymanika Shastra, le traité Sanskrit d'aéronautique, raconte comment une flotte d'objets volants est venu du ciel pour installer les hommes sur terre.

On dit que les plus belles idées viennent en marchant.
En Europe, on connait beaucoup de textes sur l'éloge de la marche.
En Inde, on marche dans les pas des dieux.
Ce sont les pas des dieux qui mesurent l'Univers : combien de pas Hanuman a fait pour ramener Sita de Sri Lanka.
Combien de lait il a fallu à la Déesse pour apaiser sa colère et se mettre à danser.

Shiva est roi de la danse.

La danse indienne est fortement enracinée dans le sol. Le corps du danseur bat le rythme avec ses pieds qui sert alors de percussion car ses chevilles sont ornées de clochettes.

di ta da ta tim da ta ti tey ta ti ta ti ki da tey

On dit que son origine se trouve plus proche du chamanisme. Que le premier performer est un chamane : le veliccapattu, l'oracle, le porteur de lumière.



Il y a des tas de danses indiennes qui dessinent des tas de choses au sol.
La danse de Ganesh, par exemple, dessine au sol la figure du dieu à tête d'éléphant.
Il n'y a qu'en l'observant du ciel qu'on peut s'en rendre compte.

Les pieds en Inde sont quelque chose de très important. Ils sont signifiants.
On ôte ses chaussures pour pénétrer certains types d'espaces : maisons, temples, églises, musées, en signe de respect.

Au Tamil Nadu, comme on marche pieds nus ou en sandales, porter une bague à l'orteil signifie qu'on est marié.
Au moment de la célébration du mariage, les pieds et les mains de la jeune épouse sont couverts de tatouages et de bijoux.

Partout l'œil est attiré par le mouvement du pied. La forme du pied attire l'œil pour dire quelque chose de l'identité indienne. On dit des belles femmes qu'elles ont des pieds de lotus.

Les pieds des femmes et des hommes sont sacrés. Lorsqu'il rentre à la maison, le mari se lave les pieds, sa femme les lui masse.

A tout moment, il faut comme, se tenir prêt à repartir. Danser, marcher, dans les étoiles.

Les indiens sont des skywalkers.
Shiva est le Nataraj, le roi de la danse.

L.H.





On ne badine pas avec l'errance

L'errance est un tissage d'histoires de pèlerins.

Étourdis dans les sillons des pas qui se dirigent à Compostelle,
On trouve tous ceux qui marchent pour oublier les têtes lourdes.
Les coeurs crevés.

Tous ceux qui ont l'envie de dévorer le monde des yeux
Parce qu'on leur a piétiné les rêves
Tous ceux-là prennent la route
Le matin ou tard le soir.
Ils s'en vont.



Pour enterrer le fantôme de nos morts, on se met en route.
Au sol, les galets sont comme les larmes séchées des skywalkers qui ont oublié la peine, laissé aller le cœur, marché.

L'hiver dernier, je suis partie enterrer ma grand-mère dans le Vercors.
Elle était morte en Bretagne tandis que je voyageais Inde.
Quand je suis rentrée son corps n'était plus là.

C'est beau le Vercors, ça lui aurait plu.
Il y a les nuages qui nous rattachent au ciel
La montagne qui nous rattache à la vie.
L'eau, fait le va-et-vient entre le ciel, le cœur, le sol, l'esprit.

L.H.





Marelle

Installation en hommage à Louise Loppé *, dite Marelle, exploratrice. (1860 Embrun ' 1954 La Rochelle)

De ses multiples voyages en Inde, en Afrique, en Amérique du Nord,en Europe centrale, à l'instigation de son amie Alexandra David-Néel, Louise Loppé rapporte de nombreuses olzlithes - galets peints de symboles ou d'images en forme d'œil.

L'étude scientifique de sa collection lui permet d'établir l'universalité du jeu de mérelle - ou marelle, passion de toute sa vie. Ce jeu qui peut prendre diverses formes se compose de la terre, du ciel ' ou paradis, et de l'enfer, le passage de l'un à l'autre se faisant à l'aide d'un galet plat poussé par le pied. En 1925, elle fait don de la totalité de sa collection (19 pièces) au Muséum d'Histoire Naturelle et d'Ethnologie de La Rochelle. Cette collection de olzlithes est présentée au public jusqu'en septembre 1954, date à laquelle elle disparait mystérieusement des vitrines.

Tout aussi mystérieusement, en septembre 2014, certaines de ces pièces commencent à émerger dans le jardin du Museum. Ce phénomène naturel demeure inexpliqué.

* Louise Loppé est la tante d'Etienne Loppé (1883-1954), médecin et premier conservateur du Museum d'Histoire Naturelle et d'Ethnologie de La Rochelle.


B.D.





c'est le ciel qui me fait cadeau de la lumière
il invente et abrite les dieux
sauf ceux de l'enfer, sous mes pieds

ce sont mes pieds qui touchent la terre
ce sont mes pieds qui me dressent
dans la lumière

M.J.





Les tatouages éphémères de l'henné "Diaby" est une histoire de femmes au Mali.


Au Mali, à l'occasion des cérémonies tel que les fiançailles, le mariage (il est obligatoire pour la mariée) ou le baptême. Le henné est utilisé comme un produit d'embellissement des mains et des pieds des femmes.

Depuis longtemps le henné est une plante que nos mères utilisaient pendant 3 jours au coucher pour noircir leurs mains et leurs pieds.
De nos jours, les femmes réalisent plusieurs dessins en 5 heures sur leurs mains et pied. Grâce au nouvel technique et des produits chimiques.

On se sert des rubans collants et de la pâte de la poudre de ses feuilles humectées pour dessiner des motifs sur les mains et les pieds afin d'apporte de la brillance et du volume.

Mais au-delà d'être un colorant esthétique, le henné a une valeur à la fois traditionnelle et religieuse.

Le henné est un arbuste épineux qui pousse à l'état naturel dans les régions tropicales et subtropicales d'Afrique.

En revanche, ses qualités médicinales sont en général moins connues.

: Le henné ornement digne des grandes occasions


Contrairement aux décennies antérieures, la technique d'application du henné est devenue plus complexe. Autrefois, les femmes appliquaient le 'diaby' plus facilement avec une seule couche encore. Aujourd'hui, il existe autant de motifs que de modèles pour le plaisir des femmes.

« La technique consiste à mélanger la poudre fournie par les feuilles de henné séchées et pulvérisées avec de l'eau. Il faut le laisser se reposer un temps avant de la découper des rubans à colle blanc. Après on se sert de ce ruban découpé pour dessiner des figurines géométriques ou des fleurs sur la paume des mains et des pieds. Ensuite on applique le mélange du henné sur les parties recouvertes par les rubans et on les recouvre de plastiques pour permettre au produit agir efficacement, il faut attendre au moins 3 heures».

A.D.



Marelle

Alors c'est
ce qui est promis
le ciel
à ce jeu-là
d'un pas
ou de deux
à la fois
tu l'auras
on te le dit
le ciel ?
le ciel
je n'le connais pas
et qui me dit
que c'est lui
qui me doit





un pas
deux fois
mes pieds
devant
le ciel
au-delà
ce jeu
je le rythme
et la danse
est




Le ciel
nous a dit
que
Oh lui
sait tout
Moi je sais
que
rien
en fait
j'avance
et tant pis
tant mieux

J.S.





des textes pour partir ailleurs