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mais chaque jour, de nombreuses fois par jour, devant mon miroir ou dans mes pensées, je répète « tu es un salopard de blanc, tu critiques pour la forme, mais tu profites lâchement, et à cause de toi des millions meurent, sont violés, tandis que des enfants de 4 ans creusent à mains nues dans des mines de cobalt au Congo, leurs corps déjà détruits par la toxicité ou par l'effondrement des galeries. par ta faute, mon petit chéri révolté ! »
[PLUS BLANC QUE BLANC]
je m'insulte moi-même. ça ne me rend pas triste. depuis que j'ai trouvé ce courage et que je pratique radicalement ces actes vers moi-même, je commence peu à peu à me respecter. et j'ai quelques amis qui sont assez proches de cette radicalité.
[PLUS BLANC QUE BLANC]
avec ces amis, nous rions et déconnons joyeusement, en nous moquant de nous-même, et même parfois en nous moquant de ceux qui souffrent par notre faute ! cette moquerie théâtrale est un hommage que nous leur rendons et nous ressentons un immense respect et une puissante affection pour eux.
[PLUS BLANC QUE BLANC]
depuis que j'ai trouvé le courage et le respect de moi-même, je ne vis pas plus mal, au contraire. je ne me saoule pas de consommation obsessionnelle de produits, quotidiens ou artistiques.
[PLUS BLANC QUE BLANC]
avec mes quelques amis, nous passons plus de temps à faire face à la réalité, à faire face à notre impuissance et à notre appartenance à la putain de blancheur, et quand j'ouvre mon ordinateur ou que je mange parfois de la viande, alors c'est la fête, nous rigolons, nous déconnons, nous faisons des gags de mauvais goût, mais tout cela n'est qu'un costume joyeux drapé sur l'abominable saloperie à laquelle nous savons parfaitement que nous participons.
[PLUS BLANC QUE BLANC]
je suis convaincu que cette joie burlesque et provocante est peut-être la meilleure manière de nous mener à terme vers des comportements moins criminels.
[PLUS BLANC QUE BLANC]
j'ai écrit plus haut que j'ai été en colère depuis la petite enfance. mais déjà dans cette même période, j'avais confusément conscience que le jeu de la bonté et les belles paroles servaient à me paralyser .
[PLUS BLANC QUE BLANC]
Il y avait le portrait du Che et
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Je reluque 500 milles âmes
Ensevelis par la famine
De l'autre coté de la rive
Impuissant
Indigné
Etouffé par l'opulence
Coupable d'entretenir ce monde
L'art comme un refuge
On se perd dans la création
Pour ne pas mourir de la vérité
Pour trouver des horizons signifiants
D'apparence inerte
Trop commun pour attirer l'attention
Ignorés de tous
Souillés de poussière
Ils patientent
Ils calibrent l'intention
Pondèrent l'inertie
Stockent dans leurs âmes la chaleur du profond
A la discrétion des humains
Ils taisent le secret de pierre
Mazoutés dans les eaux blanches
Ils guérissent
Dans l'indifférence d'un dilemme
Panique sur le mercure
Désert où la vie se fait discrète
Défiant l'extrême
Stimulant la curiosité
L'homme imite
S'adapte au regard de son déficit
Pâle copie fragile
Préfigurant le désordre de la rêverie
Hermétique à l'impermanence
L'occident oxydé
Anesthésié
Suffoque à l'horizon
Démunie d'espace libre
Saturé d'un narratif indigne
L'effondrement monotone
Présage à la récompense
Des corps repus
Gonflés de l'abondance complice
Suintant sous la pression du mercure
Piètre récompense d'un temps dérobé
L'ogre dépouille nos corps et nos âmes
Consentement crédule dans le brouillard d'un espace
Délais perdus quand les jours ont fondu
A l'instar des copies falsifiés
Offrons-nous le répit d'un quotidien suffisant
Seul arbitre de ce qui s'échappe
Dans la vallée des poussières
Dans la volupté des mers du sud
S'agite des tronçons de fortune
Privé du rapport au silence
Les nuages décident de la suite
Ce sera en vainqueur
Que le dragon bleu s'acquittera de sa dette
Roi des sables aujourd'hui dépeuplé
Colons de la peur
Le monde a déserté sous la menace
Crédule du venin toxique et invisible
Déséquilibre d'une anomalie
Tiraillé par une décennie de cris en décomposition
C'est dans ce courant en gestation
Que s'identifie les ruisseaux argent